La tension que traverse le marché mondial des céréales depuis plusieurs semaines a fini par avoir des retombées singulières sur les minoteries à travers le territoire national. Depuis que les prix du blé ont pris une courbe ascendante, les fabricants de semoule et de farine travaillent à un rythme de plus en plus réduit. Pis encore, ces derniers jours, des voix se sont élevées au sein de cette branche d'activité pour signaler plusieurs cas de minoteries qui ont arrêté carrément leur production et appelé au soutien de l'Etat. Les perturbations que connaissent les unités de transformation sont dues à la pénurie de la matière première qui s'accentue progressivement. Ainsi, les minotiers ont fait état, hier, de la crise qui caractérise le marché du blé suite à la réduction du volume des importations en produits céréaliers. Un grand nombre d'opérateurs spécialisés dans l'importation des céréales ont suspendu carrément leurs activités depuis plusieurs semaines, a affirmé hier un minotier qui appréhende la situation du fait que "l'entreprise importatrice qui assure habituellement nos approvisionnements nous a informé, la semaine dernière, qu'elle est en rupture de stock et de sa décision de suspendre momentanément toutes ses opérations jusqu'à ce que le marché mondial retrouve sa stabilité". Globalement, il importe de préciser que face à l'insuffisance des approvisionnements de l'OAIC (Offices interprofessionnels des céréales), les minotiers se rabattent automatiquement sur les importateurs pour l'acquisition des quantités nécessaires. La même situation tendue est constatée à travers toutes les régions du pays. Que ce soit à l'est ou à l'ouest du pays, il est relevé que les moulins tournent à peine à 50% de leurs capacités de production. Ceci s'explique par la hausse spontanée du prix de revient des produits de transformation et la nette réduction des marges bénéficiaires des minotiers, celles-ci ayant atteint leur plus bas niveau pour se situer à moins de 4%, selon les témoignages de ces derniers. A cet égard, c'est l'offre sur le marché de consommation qui en prend un coup, notamment pour les produits de base comme la semoule et la farine dont les prix ont connu une augmentation qui dépasse la barre des 50% en l'espace de quelques semaines. Pour faire face à cette situation, les minotiers pensent désormais à l'unification de leurs rangs pour mener des démarches communes auprès des pouvoirs publics en vue de chercher une issue à la crise que traverse cette branche d'activité. Une initiative vient d'être lancée dans ce sens à partir de la vallée de la Mitidja où les minotiers semblent déjà mobilisés pour faire face à cette situation. En effet, à la fin de la semaine dernière, Tayeb Ezzeraïmi, président du CEIMI (club des entrepreneurs et des industriels de la Mitidja), a lancé un appel à tous les producteurs de produits céréaliers et aux minotiers dans les quatre coins du pays pour la tenue d'une réunion élargie afin d'ouvrir un débat approfondi sur la situation peu reluisante que vit la filière actuellement. A cet égard, d'aucun parmi les professionnels du secteur affichent une volonté d'adopter une démarche similaire à celle qui est menée par les producteurs privés de lait qui se sont mobilisés pour décrocher le soutien de l'Etat. Les minotiers revendiquent, d'ores et déjà, la réduction des taxes comme la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) sur les produits céréaliers ainsi que des subventions pour l'acquisition de la matière première (blé). Aussitôt l'appel lancé par le CEIMI, plusieurs minotiers à travers le territoire national ont manifesté leur adhésion à l'option de la tenue d'une réunion nationale des minotiers.