La religion n'est pas en contradiction avec la démocratie. Les deux peuvent, au contraire, faire bon ménage et servir de base à la prospérité d'un pays. L'expérience de l'Indonésie, premier pays à majorité musulmane au monde, est un bon exemple. « L'Islam n'a jamais été un danger pour la démocratie et les autres religions qui existent en Indonésie », a déclaré le président du Conseil consultatif populaire indonésien, Hidayat Nur Wahid, en visite, depuis vendredi dernier, en Algérie. Intervenant lors d'une conférence-débat sur le thème de « L'Islam et la démocratie : l'expérience de l'Indonésie », organisée hier au Conseil de la nation (Sénat), Hidayat Nur Wahid souligne la complémentarité entre la politique et les religions dans son pays. Au moment où le monde entier, dont l'Algérie, relève la difficile cœxistence entre la démocratie et la religion, en particulier l'Islam, l'Indonésie, selon l'orateur, donne l'exemple. Outre le respect de la pluralité religieuse, l'orateur note aussi que la constitution du pays permet la création de partis politiques à base de la religion. Et cela n'a suscité aucun conflit. « Ces partis font même des alliances lors des élections. On trouve des partis islamistes qui constituent une coalition avec des partis chrétiens », souligne-t-il. Pour lui, la religion et la démocratie en Indonésie visent à réaliser un objectif commun, à savoir « la prospérité du peuple indonésien et la préservation de ses droits ainsi que la consécration de la justice sociale ». « Aucune religion ne conteste cela », note-t-il. La Constitution indonésienne, amendée récemment, consacre, dit-il, ce principe. « Dans le cadre de la nouvelle loi fondamentale, on a décidé de créer une Cour constitutionnelle. Cette cour permet à chaque citoyen indonésien de contester chaque loi qui ne respecte pas les principes de la Constitution », indique-t-il. Hidayat Nur Wahid cite, dans ce sens, un exemple. Selon lui, deux instituteurs, ayant constaté que le budget de l'Etat consacré à l'éducation n'était pas important, ont contesté auprès de cette cour. « Cette dernière leur a donné raison et le budget de l'éducation a été revu à la hausse pour être le premier budget de l'Etat », illustre-t-il. Citant encore des exemples de respect des libertés individuelles, le conférencier dira qu'il n'y a aucune loi pour la préservation des mœurs de la société. En revanche, les communistes sont interdits d'exercice de la politique. « Notre Constitution consacre le principe de la croyance en Dieu. Les communistes, eux, n'y croient pas », estime-t-il, en précisant que la démocratie indonésienne est différente de celle prônée par les Occidentaux. Revenant sur le conflit du Timor oriental (1999), Hidayat Nur Wahid affirme que cette île « ne faisait pas partie de l'Indonésie ». « Ce sont les américains qui ont incité l'Indonésie à l'annexer. L'Indonésie a contribué à la reconstruction du Timor oriental. Une fois reconstruit, les mêmes américains les ont incités à faire sécession », explique-t-il.