Le docteur Sadi a pris grand soin d'éluder la crise interne qui secoue son parti. Il qualifiera le plan d'action du gouvernement de listing de missions sans aucune précision de durée ou de coût de réalisation. Le docteur Saïd Sadi ne semble pas ébranlé par la crise qui secoue son parti, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). C'est du moins l'impression que laissera son discours, prononcé jeudi à l'ouverture des travaux de la session du conseil national du RCD. Une session « ordinaire » convoquée sous des conditions « extraordinaires », marquées, entre autres, par le départ de cadres influents du parti, dont les députés Ali Brahimi et Tarek Mira. Crise interne que le président du parti, le docteur Saïd Sadi, a pris grand soin d'éluder. Il décochera néanmoins quelques fléchettes empoisonnées à ses détracteurs, notamment à Djamel Fardjellah, député de Béjaïa et ancien vice-président du RCD, qui, rappelons-le, a accusé la semaine dernière Saïd Sadi d'entretenir des « pratiques autocratiques » au sein des structures du parti. « Un certain notabilisme minait le parti. Il a fallu y mettre un terme. Le responsable ne peut être crédible que s'il commence par faire lui-même ce qu'il demande aux militants », dixit Saïd Sadi, pour justifier sans doute l'expulsion des rangs du parti de certains de ses cadres dirigeants. Saïd Sadi ne s'appesantira pas davantage sur le sujet. Dans ses délibérations, rendues publiques vendredi, le conseil national du RCD qualifiait d'actes relevant de la « félonie », les récentes sorties médiatiques des deux députés démissionnaires. Une « certaine presse » accusée de relayer la « félonie » en prend du coup pour son grade. « Le conseil national a eu à connaître, lit-on dans le compte rendu du RCD, deux cas de félonie insidieusement relayée par une certaine presse. Les documents relatifs à cette trahison ont été présentés à l'instance délibérante du parti (...). » Pour le reste, ajoute-t-on plus loin, « les provocations et les manipulations ne sont ni nouvelles ni opérantes. Ce sont des répliques récurrentes à chaque fois que le RCD accule le pouvoir. En tout état de cause, nous avons notre devise : nous préférons être trahis cent fois que de trahir une fois (…) ». L'affaire du triumvirat Fardjellah-Brahimi-Mira pliée et empaquetée, le RCD reprend son bâton d'opposant au sein des institutions. Cible : le plan d'action du gouvernement. Celui-ci, note le conseil national, « se résume à un listing de missions sans aucune précision quant aux coûts et à la durée de leur réalisation. Aucune évaluation n'est faite sur les causes, les origines et les conséquences des retards occasionnés à l'économie nationale dans l'exécution des programmes précédents. Aucun moyen de contrôle parlementaire n'existe aujourd'hui pour éviter au pays les aléas de placements hasardeux qui ont coûté à l'Algérie des dizaines de milliards de dollars. En matière de gestion, le conseil national constate que la gabegie tient lieu et place de système transactionnel : le gré à gré supposé être, en principe, un recours exceptionnel dans l'attribution des marchés est devenu une quasi-règle. La justice, déjà bridée par l'instrumentalisation politicienne (…) vient de connaître des décisions qui rendent le fonctionnement encore plus aléatoire et le coût au justiciable insupportable ». « Cette gestion occulte et abusive, estime-t-on au RCD, ne trouve aucune possibilité de correction dès lors que le Premier ministre, désormais réduit à une fonction de chef de cabinet, est inaccessible à l'interpellation parlementaire en tant que responsable de l'Exécutif. » Commentant les informations selon lesquelles Saïd Bouteflika, le frère cadet du Président, préparerait le lancement d'un parti politique, le conseil national du RCD considère que « la création d'un parti dynastique signe l'incapacité du pouvoir à innover ou à inscrire l'intérêt national dans son agenda politique ». « Un parti de plus dans le sérail signifie opposition dans l'accaparement de la rente et défiance du chef de l'Etat envers les partis traditionnels », explique-t-on. Le RCD prévient des risques d'aggravation de la crise que comporte une telle option. « (…) Des partis politiques artificiels ont été créés en trois mois. Les fraudes électorales leur ont donné des majorités à tous les niveaux de représentation nationale. La manœuvre a aggravé la crise politique et précipité la dilapidation du patrimoine national », ajoute-t-on.