Cette tradition, basée sur des mets particuliers (berkoukes, beignets et crêpes) et des spectacles nocturnes consistant à reproduire une histoire mythologique, est célébrée cette année avec pudeur en raison des événements dramatiques de Ghaza. Mais en fait, qu'est-ce qu'Ayred ? En plus des victuailles, les habitants, réunis en groupes de neuf personnes toutes déguisées avec des masques représentant des animaux, passent d'une maison à l'autre. Le lion est tiré à l'aide d'une chaîne. Le guide, accompagné de ses acolytes et muni d'un drapeau, frappe aux portes des maisons ; au cas où le ou la propriétaire n'ouvre pas, les participants entonnent : «La jarre est cassée et la maîtresse de maison est répudiée.» Un amas de pierre est alors déposé sur le seuil de la maison. Si la porte est entrouverte, le lion entre, suivi de ses compagnons au sons de la ghaïta et du bendir et des chants : «Ouvrez vos portes, nous sommes venus…» La suite du scénario dont on garde le suspense est tout aussi passionnante. Mais au fond, tout ce jeu – qui est la préservation de l'héritage des aïeux – a pour objectif principal la solidarité puisque les fruits, les légumes et l'argent récoltés seront distribués aux nécessiteux.