Contrairement à ce que son nom indique, Mohamed Bedjaoui n'est pas de Béjaïa. Aux dernières nouvelles, il ne serait même pas de Tlemcen puisqu'il est tout simplement Cambodgien. Agé de 80 ans, cet ancien ministre algérien de la Justice, dans les années injustes (de 1964 à 1970), artisan de la légalisation des taux gonflés à l'hélium du président Bouteflika (2004) et ministre des Affaires étrangères (jusqu'en 2006), s'est porté candidat à la tête de l'Unesco. Mais comme il ne s'entend plus avec son « frère » Bouteflika qui lui a retiré tous ses avantages liés à la fonction, il a préféré devenir Cambodgien, d'autant que l'Algérie a préféré soutenir à la présidence de l'Unesco la candidature de l'Egyptien Hosni Farouk. Fin de l'histoire et début de la morale. Un ministre des Affaires étrangères, doublé d'un président du Conseil constitutionnel, peut-il se présenter sous le drapeau du Cambodge, dont il est citoyen d'honneur pour lui avoir rendu quelques services diplomatiques ? Pour un haut cadre de l'Etat qui était encore il y a quelque temps le premier ambassadeur du pays, il y a un gros problème d'éthique. Mais on se rappelle de cette phrase, lors de la reconduction du président Bouteflika en 2004 ; en privé, il avait dit que « même s'il ne passait pas, il le ferait passer ». Cet aveu d'un président du Conseil constitutionnel, censé garantir la loi et la neutralité, en dit long sur le personnage, qui aurait pu aujourd'hui répéter le même genre de phrase, « je passerais, quitte à devenir Cambodgien ». Et si elle en dit long aussi sur ceux qui nous gouvernent et ne ratent aucune occasion pour fustiger les harraga et les condamner à la prison, elle en dit long également sur ceux qui les nomment et les connaissent très bien. Cas de figure, et si les 35 millions d'Algériens demandaient la nationalité cambodgienne ? Réponse de l'Etat : tant que le pétrole coule...