Presque par réflexe, lorsqu'on évoque les zones humides, notamment leur conservation, on se réfère de manière systématique à la convention de Ramsar. «C'est un site classé sur la lise de Ramsar», dit-on d'une zone humide pour souligner son importance écologique, biologique, hydrologique ou encore économique ou culturelle (esthétique). Cette indication porte en elle également l'idée que ce classement assure de fait une protection du site. Or, rien n'est plus faux ! La convention de Ramsar est un traité intergouvernemental d'envergure mondiale, moderne. Le premier et l'unique à s'intéresser à un milieu naturel en particulier : les zones humides. Son nom officiel est «Convention sur les zones humides d'importance internationale en tant qu'habitats pour les oiseaux d'eau» car à l'origine, les zones humides étaient plutôt perçues à travers leur fonction d'habitat des oiseaux d'eau. Avec le temps et une meilleure connaissance de ces écosystèmes aquatiques à qui on reconnaît aujourd'hui une importance pour la biodiversité et le développement des communautés humaines. le champ d'intervention de la convention s'est élargi à la conservation des zones humides, notion vaste mais très élaborée qui intègre le principe de l'utilisation rationnelle mieux connue du grand public. Elle est devenue la convention des zones humides et plus communément la convention de Ramsar. La liste Ramsar «est l'étendard de la convention. Les parties contractantes, notamment les pays, doivent y inscrire au moins un site qui répond aux critères exigés pour formaliser leur adhésion. Cette inscription-adhésion suppose également de faire siens les principes de la convention. Autrement dit et plus concrètement, d'assurer la conservation de ou des zones humides inscrites, de promouvoir l'inscription d'autres sites, de tenir compte de la conservation des zones humides dans les plans d'aménagement en favorisant l'utilisation rationnelle de ces milieux. Si la convention de Ramsar apporte son soutien à l'élaboration de politiques, d'actions et encourage la promulgation de lois nationales qui aident à un meilleur usage des zones humides, elle ne peut pas en revanche, sanctionner une partie pour violation ou non-respect des engagements pris. C'est un traité solennel certes, mais qui n'exclut pas une contrainte en doit international». En clair, les zones humides inscrites sur la prestigieuse liste de Ramsar, qui compte aujourd'hui 1822 sites inscrits pour une superficie totale de 169 millions d'hectares (1,69 millions de km2), ne jouissent d'aucune protection du fait de ce classement. En contrepartie, les pays qui savent se débrouiller peuvent bénéficier d'aide, d'assistance, d'expertises, de financements et des avantages de la coopération internationale. En Algérie, on parle pompeusement de plans de gestion pour les zones humides, mais s'ils voient le jour seront-ils pour le moins applicables ? Autrefois, plus scrupuleuse sur le classement en contrepartie duquel elle exigeait des efforts concrets pour la conservation, la convention semble, aujourd'hui, plutôt attachée au prestige de sa liste qui s'évalue seulement au nombre de sites inscrits et à la superficie mondiale qu'ils couvrent.