De ce fait, les supputations sur un éventuel danger, vont bon train. Et pour cause. Mardi soir, un craquement, venant d'un immeuble, épargné jusqu'à maintenant, a créé la panique au sein des riverains. Un témoin nous rapporte la scène : «Nous étions devant le café, quand brusquement, nous avons entendu un bruit étrange, immédiatement suivi de la rupture d'une canalisation d'eau potable.» Pendant que les présents s'éloignaient, une foule de curieux arrivait pour se rendre compte, de visu, des dégâts. Par prudence, les propriétaires de véhicules garés non loin de là, se sont hâtés de les mettre à l'abri. Leurs précautions n'ont pas été inutiles puisque le lendemain, nous avons remarqué qu'effectivement, l'immeuble d'où venait le bruit, venait à son tour, d'être affecté par le glissement. Plus loin à quelque 200 m, sur l'emplacement de l'ancien arrêt des fourgons de transport, la chaussée a subi des dégâts considérables. Le bas-côté, sur une vingtaine de mètres est, depuis quelques jours, devenu inaccessible à la circulation et au stationnement. La devanture d'un magasin, refaite il y a une quinzaine de jours, présente un sillon, l'éloignant davantage du niveau de la route, laquelle s'est affaissée sur près d'un mètre, par endroits. Si les habitants ne semblent pas s'alarmer, au point d'abandonner leurs maisons, il n'en demeure pas moins que les dernières fissures que nous avons observées, ont de quoi faire douter les plus optimistes. Les dernières pluies semblent avoir mis à jour le travail qui, jusqu'à maintenant, s'effectuait dans le sous-sol. Les déformations atteignent l'axe de la voie qui ne tardera pas à être fermée, si le mouvement devait perdurer. La situation est d'autant plus grave que la zone la plus touchée par ce phénomène, se trouve être celle où sont érigés la quasi-totalité des immeubles d'habitations, construits en ville. De nouvelles fissures apparues sur le sol, des deux côtés du grand bâtiment, viennent s'ajouter aux nombreuses craquelures des murs qui ne cessent de se multiplier. Le constat inquiète riverains et passants. «Je trouve difficilement le sommeil. Je me réveille en sursaut, à chaque bruit suspect, pensant que l'immeuble s'affaisse», nous confie une locataire du grand bâtiment. Les autorités ne peuvent que suivre les procédures habituelles dans ce genre de cas. Il y a un mois, en effet, une entreprise étrangère a été chargée de procéder à l'étude du phénomène et faire des propositions. La durée des travaux serait, nous dit-on, de dix-sept mois. C'est à l'issue des analyses, que des décisions de démolition, pour certains bâtiments, ou de confortement pour d'autres, seront prises. En attendant, la nature qui n'a pas encore livré tous ses secrets, continue inexorablement son œuvre. Que faire alors ? Rester ou partir ? Telle est la lancinante question que se posent les nombreuses familles qui habitent ces immeubles appelés «bâtiments APC/CNEP ».