Bafoués en temps normal, les droits de l'homme risquent de souffrir également des effets désastreux de la crise économique mondiale. C'est le constat alarmant fait par Amnesty international dans son dernier rapport. L'organisation non gouvernementale estime que derrière la crise économique se cache une bombe à retardement en matière de droits humains. « La récession a aggravé les atteintes aux droits humains, détourné l'attention de celles-ci et crée de nouveaux problèmes », a déclaré Irène Khan, secrétaire générale d'Amnesty international. Cette responsable pense « qu'au nom de la sécurité, les droits ont été foulés aux pieds. Aujourd'hui, au nom de la crise économique, ils sont relégués au second plan ». Pour Francis Perrin, porte-parole d'Amnesty France, la crise accroît non seulement les violations des droits de l'homme, mais donne une excuse aux Etats pour opérer des coupes budgétaires dans certains domaines-clés, comme celui de l'éducation ou de la santé, qui sont pourtant une partie intégrante des droits humains. « Qui dit crise dit protestation et risque sérieux de violence et de répression dans le monde », a-t-il jugé lors d'une conférence de presse à Paris. L'autre risque soulevé par le même interlocuteur, c'est celui de voir la crise économique occuper l'espace médiatique et dissimuler la crise des droits humains. « Il ne faut pas se contenter uniquement de résoudre les problèmes financiers, il faut également traiter la question des droits humains dans son ensemble et sur un niveau mondial. » Et d'enchaîner : « Derrière la crise économique se cache une crise des droits humains explosive. La récession économique a aggravé les violations des droits humains, mais a distrait l'attention portée à ces abus et créé de nouveaux problèmes. Les droits humains avaient été bafoués au nom de la sécurité. Aujourd'hui, ils sont relégués au second plan au nom du redressement de l'économie. » « Exigeons la dignité » Les exemples ne manquent pas, notamment en Afrique, où les crises alimentaires risquent d'appauvrir davantage la population et rétrograder les droits de l'homme au dernier degré. Afin que les droits humains ne soient pas sacrifiés sur l'autel de la crise économique, Amnesty international va lancer une campagne mondiale intitulée « Exigeons la dignité ». Celle-ci devrait renforcer l'engagement de l'organisation dans le domaine des droits économiques, sociaux et culturels et représentera une étape importante dans son histoire. Par ailleurs, tout en constatant la montée en puissance des pays du G20 et leur volonté de trouver des solutions pour endiguer la crise, Amnesty a remarqué que les efforts économiques ne sont pas toujours accompagnés d'efforts en matière de respect de droits de l'homme. Elle a donné pour preuve l'existence de la torture et des exécutions sommaires dans 14 pays appartenant à ce groupe. Parmi eux la Chine, l'Arabie Saoudite et les USA. En Algérie, le rapport a rappelé que le Département du renseignement et de sécurité (DRS) continue de détenir secrètement des personnes soupçonnées de terrorisme. Il a, par ailleurs,s mis la lumière sur les pressions subies par la presse et les poursuites engagées contre les personnes qui désirent changer de religion. Sans oublier les disparitions forcées et les violences commises contre les femmes et les filles. En Europe, le mauvais point a été discerné à la France pour violences policières, traitement inhumains des demandeurs d'asile et situation exécrable dans les centres de rétention…