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La capitale de l'Ahaggar en quête d'un nouveau souffle
Publié dans El Watan le 26 - 02 - 2009

Les vols de nuit qui desservent Tam à partir d'Alger, avec escale à Djanet, sont souvent complets. Selon les opérateurs locaux, la saison touristique est assez bonne. «En tout cas, meilleure que les années précédentes», souligne l'un d'eux. Le rapt des touristes autrichiens au Mali, ces derniers mois, n'a pas laissé beaucoup de traces sur les activités des agences locales en phase de reprise. D'après des statistiques locales, 8000 touristes ont visité Tam depuis l'ouverture de la saison, en septembre dernier. En 2008, 27 000 touristes ont découvert la région, soit 4000 de plus qu'en 2007. Les vols charters, notamment ceux de Point Afrique à partir de Paris et Marseille, ont contribué à cette «renaissance» mais la promotion de la destination Algérie reste parfois sujette à un certain «exotisme» mercantile de tours operateurs européens qui mettent l'Assekrem, situé à 80 km de Tam, dans le Hoggar, sur un circuit sans désigner le pays. Si les campements traditionnels attirent les visiteurs étrangers, les infrastructures hôtelières demeurent insuffisantes. Si l'hôtel Tahat a subi un lifting, les services ne suivent pas vraiment. A titre l'exemple, les coupures des liaisons internet sont un véritable casse-tête. Pour envoyer un mail, il faut attendre, dans certains cas, trois heures. «Souvent, les fibres optiques qui relient Tam aux fournisseurs du nord du pays sont sectionnées, dans la région de In Salah, en raison des travaux menés par les entreprises chinoises pour le grand projet de raccordement d'eau potable», explique un ingénieur. Selon un autre interlocuteur, ces incidents involontaires ne sont pas le fait des Chinois mais bien des Algériens qui guident les travaux. Le plus curieux est que Tam, qui est à mille lieues d'Alger, ne bénéficie pas de connexion internet par satellite. Les discours pompeux sur «le développement local» ne résistent pas à la dure épreuve du terrain. Autre problème endémique de la région de l'Ahaggar : le manque de carburant. Les 120 citernes qui aliment chaque semaine Tam, à partir des raffineries de Skikda et d'Arzew, ne suffisent plus, surtout que 40 d'entre elles sont réservées aux deux petites centrales électriques de la région.
Des activités
à caractère ponctuel
L'Assihar est entouré d'une activité culturelle, intéressante certes, mais qui devrait sortir du caractère ponctuel. L'association Isskta des arts locaux organise, depuis hier, à la Maison de la culture de Tamanrasset, le Festival du tindi, le premier du genre. Une kheïma est dressée sur l'esplanade qui fait face à la Maison de la culture où sont exposés des instruments de musique (tindi, isra, imzad). Une conférence sur le tindi, considéré comme un patrimoine immatériel, est prévue. Elle sera animée par les chercheurs en musicologie et en anthropologie culturelle Dida Badi, Senoussi Saliha et Sid Ali. L'animation des espaces publics sera assurée, entre autres, par les troupes Tihouassay, Imoudhen et Tlalilt.
La localité d'Abalessa, à 80 km au nord-ouest de Tam, connaît, elle aussi, ses festivités, liées également à la protection du patrimoine immatériel, organisées avec le soutien de l'Office du parc national de l'Ahaggar (OPNA). Mourad Betrouni, directeur du patrimoine au ministère de la Culture, a promis une institutionnalisation de ces festivités, sans donner de date. Le wali de Tamanrasset a, lui, brillé par son absence. Une absence qui ressemble à un mépris. Ce responsable a préféré s'étaler de tout son long dans l'émission Indjazat (réalisations) de la télévision d'Etat, un programme qui figure en bonne place sur le «plan média» du candidat Abdelaziz Bouteflika. Cette émission, qui est à son septième «numéro», a été diffusée lundi soir sur tous les canaux de l'ENTV à partir de Tam. Le président de l'APC d'Abalessa, Mohamed Leghnedj, a appelé à donner un caractère national aux festivités organisées par la ville. Dans un campement dressé à un jet de pierre d'Abalessa, des artisans venus de partout exposent leurs produits. Les jeunes de l'association Afous Dafous d'Arak (à 400 km de Tam) se plaignent du manque de moyens. L'approvisionnement en cuir et en peinture n'est pas de tout repos. «Nous voulons contribuer à sauvegarder le patrimoine targui. Notre artisanat doit être connu partout. Mais, nous n'arrivons toujours pas à sortir de notre wilaya. Arak est une région touristique. Nous voulons une chambre pour le développement de l'artisanat et un bureau pour le tourisme», explique Adjla Abdelkader, responsable de l'association.
La joueuse d'imzad Chtima Bouzad a exécuté des morceaux qui ont attiré l'attention des visiteurs étrangers autant que la course des méharistes ou la danse takouba. Mohamed Leghnedj a insisté pour protéger les richesses d'Abalessa, comme la casbah de Sillet qui ressemble aux ksour du Touat (Adrar) et l'oued Tin Missaou où le chef de guerre musulman Ayboub Al Ansari avait creusé un puits qui existe à ce jour. La tombe de Tin Hinan, première reine des touareg, située à l'entrée de la localité d'Abalessa, bénéficie enfin d'une certaine protection : une clôture a été dressée autour des vestiges. L'OPNA a installé un poste de contrôle et un petit musée où sont exposées des photos des vestiges trouvés à la découverte de la tombe (des bracelets en or et en argent, exposés au musée du Bardo à Alger). «On va réaménager ce petit musée durant le mois du patrimoine, en avril prochain. On va installer une maquette du monument en utilisant des techniques de lumière. On va créer une certaine ambiance», souligne Farid Ighilahriz, directeur de l'OPNA. Selon lui, une brochure répertoriant l'ensemble des richesses du parc (qui s'étend sur 450 000 m2), accompagnée d'un guide destiné aux visiteurs sera bientôt éditée, comblant un vide fortement ressenti par les touristes. Pour lutter contre le pillage des pièces archéologiques, une cinquantaine de postes de contrôle ont été installés à l'intérieur du parc, employant 400 agents. «Ce n'est pas suffisant. Nous allons reconstruire ces postes en dur et les doter en moyens modernes de communication. Au niveau de l'aéroport de Tam, nous avons un poste de contrôle pour assister la police de frontières et la douane. Nous voulons sensibiler les visiteurs dès leur arrivée sur la nécessité de ne pas toucher le patrimoine», ajoute le responsable de l'OPNA. Selon lui, des cailloux naturels et des bijoux ont été trouvés sur certains touristes qui prennent, parfois sans vouloir voler, des vestiges existant à l'air libre. D'après Farid Ighilahriz, les Français arrivent en tête des «pillards», suivis des Italiens, des Espagnols, des Allemands et des Japonais.


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