Dimanche soir, les Verts ont encore fait vibrer les Algériens à la faveur de leur magnifique victoire (3-1) devant les Pharaons d'Egypte, détenteurs du titre continental des deux dernières éditions. L'Algérie entière a été irradiée de bonheur que, malheureusement, seul le football peut procurer en ces temps difficiles pour tout le monde. Les Verts et les supporters, dans une communion à nulle autre pareille ont donné encore plus de crédit aux propos qui assurent que « le football est le plus grand parti (politique) du pays ». Jamais les Algériens ne s'identifient autant à leur équipe nationale, qui le leur rend bien à l'image de l'exploit qu'elle a réalisé sur la pelouse du stade Mustapha Tchaker.A présent, au-delà de la joie et du bonheur que les camarades du capitaine Yazid Mansouri ont donné à leurs admirateurs et que le peuple algérien a célébré avec beaucoup d'entrain et de satisfaction, il faut songer à « fructifier » ce « butin de guerre » pour doter le football de tous les moyens pour lui permettre enfin d'asseoir ses acquis et de ne plus être à la merci des humeurs des uns et de l'absence de stratégie des autres. Après l'exploit face au Sénégal lors du premier tour, les Verts et leur coach Rabah Saâdane ont encore aligné une autre performance devant le champion d'Afrique en titre. Ce n'est pas un mince exploit d'autant plus qu'il a été réalisé avec des moyens qui sont loin de valoir ceux dont disposent les ténors du continent, à savoir l'Egypte, le Cameroun, la Côte d'Ivoire et le Nigeria qui dominent le football africain depuis une vingtaine d'années. Le match référence face à l'Egypte, avec tous les aspects positifs liés à cette performance, doit inciter enfin les responsables de l'Etat à accorder plus de crédit et de respect au sport-roi à travers l'adoption d'une politique précise, claire et engagée en direction du football, ce sport qui canalise tant d'énergie, de passions saines. Dimanche, grâce à ses footballeurs, l'Algérie a chaviré de bonheur. Les politiques et officiels installés en tribune officielle ou rivés sur un fauteuil chez eux face au petit écran étaient fiers des joueurs sur le terrain, des supporters dans les gradins et des citoyens sortis, après le match, pour fêter l'exploit réalisé par Matmour, Ghezzal, Djebour, Ziani ...Pour que cette tranche de bonheur se réédite, il ne faut pas grand-chose. Juste un peu plus d'intérêt pour cette discipline que le temps est venu de doter de moyens et d'outils pour lui permettre de retrouver le premier plan dans le concert du ballon rond africain et mondial qu'elle a quitté faute d'attention et de soutien appropriés. Pour que l'éclaircie de dimanche ne soit pas sans lendemain, que la joie et le bonheur ne quittent plus les murs de notre football, l'Etat algérien, à travers ses plus hautes instances, doit s'impliquer davantage, donner plus de moyens, accompagner plus fortement que jamais les dirigeants des instances du football dans l'œuvre de redressement du football algérien. La refonte du football s'impose plus que jamais après l'exploit de dimanche. Des hommes à la tête de la fédération, en premier Mohamed Raouraoua, ont pris sur eux, depuis 2002, de tout mettre en œuvre pour que l'Algérie retrouve le sourire et la joie lorsque les Verts sont de sortie. La réussite n'a pas été toujours au rendez-vous. Depuis 2004 et la fantastique tenue de route à la CAN 2004, la trajectoire de l'équipe nationale n'a pas été toujours à la hauteur des espérances des supporters. Malgré cela, contre vents et marées, la fédération a maintenu le cap et ses choix. Notamment celui de faire appel à de jeunes et talentueux joueurs algériens formés et évoluant en Europe qui, associés aux joueurs du crû, sont en train de redorer le blason, un peu terni, du football algérien. Pour cette raison et toutes les autres, l'Etat algérien doit s'investir davantage dans cette direction afin qu'un exploit comme celui de dimanche ne soit pas éphémère. Pour que le football et les footballeurs donnent leur pleine mesure, ils ont besoin d'autre chose que d'engagements de circonstances et sans lendemain. Pour que la fête soit, et tous les jours, il faut une politique et une stratégie plus hardies que celles qu'il subit depuis la fin des années 1980. Le choix est facile à faire pour ceux qui ont le pouvoir de décider.