Depuis quelques semaines, on constate une dépréciation de la monnaie nationale, le dinar par rapport à la monnaie unique européenne, l'euro. Certains observateurs évoquent même une dévaluation voulue et déguisée initiée en douce par la Banque d'Algérie. Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), abonde dans ce sens en affirmant, en marge d'une journée parlementaire sur le système fiscal en Algérie, organisée à Djenane El Mithak (Alger), que le glissement de la valeur du dinar « est une démarche subtile de la Banque d'Algérie ». Cette approche vise, selon lui, à juguler les importations qui ont atteint un seuil inquiétant. « Nous sommes dans une situation d'asphyxie de l'économie algérienne. Les importations de biens ont atteint 40 milliards de dollars, celles des services 10 milliards de dollars, alors que les entreprises étrangères ont transféré plus de 5 milliards de dollars. Il fallait agir pour contenir ces importations », a-t-il fait valoir, en soulignant que la dépréciation fait partie des moyens dont disposent les pouvoirs publics pour remédier à cette situation. Selon les cotations arrêtées par la Banque d'Algérie, un dinar s'échange à plus de 107 DA cette semaine contre un peu plus de 99 DA à la fin du moins d'avril. M. Hamiani a plaidé par ailleurs pour la suppression de la taxe sur les activités professionnelles (TAP) tout en reconnaissant que « la pression fiscale (25%) est l'une des plus faibles dans le bassin méditerranéen où la moyenne est de 30% ». « La TAP, qui est à 2%, empoisonne beaucoup les entreprises », affirme-t-il, en suggérant de la remplacer par un impôt sur les biens immobiliers et fonciers ou de ramener la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) à 18% contre 17% actuellement. La TAP génère à l'administration fiscale quelque 100 milliards de dinars, a indiqué de son côté le directeur général des impôts, Abderrahmane Raouia, qui considère qu'une suppression de cet impôt n'est pas envisageable pour l'instant du moment qu'il sert à renflouer les caisses des collectivités locales. Le premier responsable du FCE estime également que « la fiscalité sur les salaires », c'est-à-dire les charges sociales, reste contraignante. Il s'est insurgé en outre contre ce qu'il appelle « la double imposition ». « Les entreprises s'acquittent de l'impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS), mais quand ils doivent retirer leur argent de la société, elles doivent payer d'autres taxes », a-t-il relevé. Ces mêmes entreprises sont confrontées à la concurrence déloyale du secteur informel, qui ne s'encombre pas du poids de la fiscalité, a-t-il averti. Et ce phénomène risque de s'aggraver chaque année davantage, selon un autre intervenant, Abdelkader Djeflat, professeur à l'université de Lille (France) qui fera savoir que l'économie parallèle enregistre une croissance annuelle de 8%.