C'est l'escalade dans la guerre épistolaire que se livrent Saïd Sadi et ses anciens lieutenants par médias interposés ! Hier encore, le député de Béjaïa et ex-secrétaire national aux relations internationales, Tarek Mira, a pris sa plume pour régler ses comptes avec le président du RCD. Dans une déclaration portant l'entête de l'APN, le député dénonce le fait qu'il soit officiellement suspendu de ses fonctions du parti le 27 mai dernier par son collègue de l'organique, alors qu'il avait démissionné de son propre chef quatre jours plutôt, c'est-à-dire le 23 du même mois. « Le but de cette sanction est de permettre au président du parti d'instruire à charge l'affaire sans ma présence aux réunions des 31 mai et 4 juin (…) au mépris des statuts et règlements intérieurs », souligne Tarek Mira. Et d'ajouter que Saïd Sadi fait référence à trois mails « écrits par mes soins pour établir ma trahison du parti ». Tout en promettant de revenir « longuement sur cette infamie », le député dissident note que le « secret de la correspondance, droit garanti par la Constitution et des pactes internationaux relatifs aux droits de l'homme, est violé délibérément ». Pour Tarek Mira, cela relève d'un « scandale passé à pertes et profits qui indique de façon flagrante la nature du fonctionnement interne de type policier ». L'élu de Béjaïa pense que pour un parti qui réclame « la construction de l'Etat de droit, c'est un avant-goût de ce que fera demain son président s'il accédait aux affaires ». A Saïd Sadi, qui l'aurait accusé d'« intelligence avec l'étranger », Tarek Mira répond que « retourner les arguments dont le parti est affublé contre ses propres militants est proprement indigne ». Pour autant, il affirme défier « quiconque de mettre sur la place publique, ne serait-ce qu'un début de preuves là-dessus, et ce, malgré les effractions réputées et intéressées de ma boîte e-mail ». Estimant que le président (Saïd Sadi) « doit se présenter comme victime, garant de protection du parti », Tarek Mira se demande s'il pouvait « toujours avoir raison et contre tout le monde ? » dans une allusion à la cascade de démissions et de limogeages au sein du RCD. Tarek Mira soutient que le président et son parti « ne font qu'un » et que ce « centralisme amène automatiquement à ce genre de dérives ». Par ailleurs, le député de Béjaïa révèle que durant la dernière campagne législative, « les citoyens nous demandaient de justifier nos patrimoines, y compris celui du président du parti, et les sources de leur construction ». En termes de projet politique, Tarek Mira remarque qu'une fin d'une « époque », qui consistait, d'après, lui à « coller de près aux luttes internes des appareils du pouvoir pour asseoir sa stratégie de combat ». Le salut, selon lui, réside dans une nouvelle démarche « plus ouverte sur la société et qui devra intégrer d'autres acteurs pour porter les couleurs de l'espérance démocratique ». Le député évoque dans cette perspective un « pacte pour les libertés qui définira les principes et fondements de la démocratie et qui pourrait être un premier pas ».