Le Rassemblement pour la démocratie et la culture (RCD) n'en finit pas de connaître crise sur crise, et le conflit qui oppose ces dernières semaines les instances dirigeantes du parti à plusieurs de ses dissidents connaît un nouveau rebondissement. Ainsi, une plainte vient d'être déposée par Saïd Sadi et Mohcine Belabbas contre Tarik Mira et Ali Brahimi pour diffamation, annonce le site officiel du parti. Dans la publication du 22 juillet, il est déclaré que « la commission des conflits ayant tranché définitivement leur cas cette semaine, les deux compères auront à répondre de leur propos devant la justice ». Cette annonce fait suite à une longue « guerre médiatique » que se livrent les deux députés et le président du RCD, qui s'auto-accusent par communiqués et déclarations fracassantes interposées. Ali Brahimi, ancien secrétaire national à la formation, et Tarik Mira, ancien secrétaire national aux relations internationales, tous deux démissionnaires de leur poste au sein de l'exécutif, avaient largement commenté dans la presse leur suspension, redoublant de critiques envers le président du parti et son entourage. Il a été reproché à Saïd Sadi, entre autres, « son inamovibilité, son totalitarisme, le fonctionnement antidémocratique en cours, ainsi que sa gestion solitaire et arbitraire du parti ». « La centralisation de la décision crée une imbrication étroite entre le fonctionnement antidémocratique, la gestion opaque et une politique critique », chargeait le député de Béjaïa dans un communiqué. Quant à Ali Brahimi, il lui a été reproché un « manquement à l'obligation de réserve et aux dispositions statutaires », de tenir des « propos diffamatoires et des contrevérités sur le RCD ou ses responsables », et « de développer un jeu personnel au détriment de la discipline et de la solidarité » partisanes. Pour réponse, le député dissident expliquera que ces mesures prises à son encontre ne sont que des « allégations perfides », qui sonnent comme une sanction concernant sa « défiance au mot d'ordre de gel des activités du parti » lors du scrutin présidentiel, ainsi que son « refus de cautionner la substitution de l'emblème national par un drapeau noir brandi aux frontons des sièges du parti ». De même, M. Brahimi affirme que l'éclat médiatique qui avait accueilli sa proposition de loi pour l'abolition de la peine de mort avait été perçu comme une menace par le président du RCD. Ce dernier, qui qualifie cette série d'attaques de tentative de victimisation à laquelle se livre les deux dissidents, emploie ainsi la manière forte et « légale » pour faire taire ses détracteurs. Il ajoute que les sorties médiatiques critiques ne sont qu'une « diversion sur leur dérive. Cela s'appelle de la diffamation », est-il mentionné sur le site internet du RCD, qui conclut : « La trahison est jugée par l'histoire, la diffamation est traitée par les tribunaux. »