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Des localités qui manquent de tout
Publié dans El Watan le 28 - 03 - 2009

Cela était aussi une occasion pour les autorités locales de faire campagne électorale, à leur manière. Le P/APW de Blida, en même temps président de la Coordination locale soutenant le candidat Bouteflika, n'avait eu de cesse, durant le déplacement de la délégation officielle à travers les dédales des douars de la daïra de Bouinan, de «chuchoter» aux oreilles des citoyens pour qu'ils aillent voter le jour J puisque leurs doléances sont d'emblée prises en considération. «Vous n'avez qu'à vous présenter aux urnes le 9 avril prochain…», insistera-t-il. Interrogés, beaucoup de citoyens de la région estiment que les élections ne constituent pas, pour eux, un événement de grande importance, privés qu'ils sont d'un cadre de vie décent et des commodités les plus élémentaires. Mellaha, à titre d'exemple, un patelin de 8000 habitants, situé sur les hauteurs de Bouinan, manque des équipements de base les plus élémentaires. Pas de centre de santé, pas de bureau de poste, pas de téléphonie fixe et des routes dans un état lamentable… Les deux «fameux» et «ambitieux» plans de relance des années 2000, semblent ne pas toucher cette localité comme tant d'autres d'ailleurs. «Nous regrettons fort les années 80 où notre patelin était un lieu de quiétude et de bien-être. A cette époque-là, on avait le nécessaire, même le téléphone fixe, chose qui demeure aujourd'hui, pour nous, carrément un luxe», nous dira un habitant.
Dénuement
«Les retombées du terrorisme, comme vous le constatez, sont malheureusement toujours là», regrettera un quinquagénaire rencontré sur place. «Nous allons vous construire une salle de soins ainsi qu'un bureau de poste. Nous aménagerons aussi un espace pour que les jeunes puissent pratiquer leur sport favori», s'engagera le wali en guise de réponse à ces doléances. Pour un autre citoyen, la plupart des habitants de Mellaha vivent dans le dénuement. Le «maigre» cheptel d'ovins et de bovins dont ils disposent est devenu la cible des voleurs de bétail qui continuent de sévir à leur guise sans que des mesures coercitives soient prises pour freiner ce phénomène. «L'on se demande qui sont ces gens-là qui volent nos biens en toute quiétude ?», se demandera cet habitant avant d'ajouter que «si les autorités compétentes demeurent incapables d'assurer notre sécurité, nous n'avons qu'à demander, dans ce cas-là, la restitution de nos armes».
Profitant de la présence de Ouadhah Hocine, wali de Blida dans leur localité montagneuse, une trentaine de citoyens se sont regroupés autour de lui pour exprimer leurs préoccupations, en souhaitant que leurs doléances soient prises en considération dans les bons délais. En ce sens, nous avons appris que l'alimentation en eau potable des habitants de Mellaha va être renforcée grâce à un projet portant sur le captage des eaux provenant des sources des montagnes de Ghellaî. A Haouch Omar, un ensemble de fermes relevant toujours de la daïra de Bouinan, des habitants avaient saisi l'occasion de la visite de la délégation de la wilaya pour réitérer leur souhait de voir leurs foyers enfin raccorder au réseau du gaz naturel. Les habitants de Maâsouma (commune de Chebli) avaient, quant à eux, revendiqué la construction d'établissements scolaires au niveau de leur douar pour éviter les longs déplacements des écoliers ; une réalité amère qui est source de plusieurs échecs scolaires, nous dit-on. Ils avaient demandé aussi leur raccordement au réseau du gaz naturel, la réhabilitation de la maison de jeunes délaissée depuis plusieurs années, des centres de santé dignes de ce nom, un bureau de poste, de l'éclairage public, un peu plus d'éboueurs pour mieux nettoyer leurs quartiers, le bitumage des routes, des aides pour le développement rural et même l'extension des cimetières et des mosquées. A Amroussa, une autre localité où les problèmes sont légion dans cette localité, les habitants ne bénéficient toujours pas d'un réseau d'assainissement dont le projet piétine depuis plusieurs années.
Léthargie
Lors de son déplacement jeudi à Meftah, et toujours dans une ambiance «électoraliste», le wali de Blida n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger, sur un ton ferme, des responsables locaux dont le maire pour ce qu'il a qualifié de manquements et de grandes défaillances constatés sur place. La commune de Meftah continue de sombrer en effet dans une profonde léthargie puisque depuis de longues années, son Assemblée populaire n'a jamais été stable. Sur place, on avait l'impression qu'aucune autorité n'existe dans cette localité limitrophe avec la capitale. Forte présence de la poussière, cadre bâti dans l'anarchie… Au douar de Sidi Hamed, les habitants se plaignent de souffrir quotidiennement des «attaques embêtantes» des mouches à cause de l'existence d'un poulailler appartenant à l'ONAB. Leur cri de détresse semble ne pas encore avoir d'échos. Ils réclament entre autres l'accélération des travaux relatifs au projet de réseau de l'assainissement. Les «oubliés» de Sidi Hamed n'avaient pas cessé aussi de dénoncer les désagréments engendrés par l'intense circulation des camions appartenant à une société spécialisée dans l'extraction de matériaux de construction au niveau d'une carrière. Cela a endommagé, selon eux, les routes et même les conduites d'AEP. «Vous faites un constat des faits qui doit être établi par un huissier de justice. Après confirmation, les responsables de ces endommagements n'ont qu'à réparer leurs erreurs», lancera le wali en direction de ces citoyens.
Au niveau du douar El Bour, les habitants ont toujours recours aux fosses septiques et la décharge d'ordures n'a pas été «nettoyée» depuis 30 ans, nous dit-on. Au niveau du quartier «Souakria», les coupures électriques sont fréquentes et les constructions bâties sans permis de construire y pullulent comme des champignons. Il y a même des bâtisses qui ont été érigées sur des conduites de gaz, apprend-on auprès de certains habitants. Sur les hauteurs de Meftah, le douar de Boucedrou avec ses 3000 habitants et ses terrains accidentés reste encore privé des réseaux de gaz et d'assainissement. Il demeure surtout sans eau potable depuis plus de 2 mois. Pour accéder à cette denrée précieuse, il faut parcourir jusqu'à 3 kilomètres pour trouver la source d'eau. Plus grave encore, les eaux usées passent à peine sous le pavé de la cantine de l'établissement scolaire de ce village sans que cela ne semble inquiéter qui que ce soit. En somme, aussi bien dans les douars de la daïra de Bouinan que dans ceux de Meftah, les habitants ne cessent de déplorer la malvie et le manque flagrant de commodités en espérant que leurs doléances soient un jour prises en charge par les autorités compétentes.


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