Les coupures incessantes du courant électrique ne sont que la goutte qui a fait déborder le vase », s'écrie un groupe d'étudiants rencontrés à l'entrée de la cité universitaire des garçons Bouraoui. Ces derniers ont entamé, dès la journée d'hier, un mouvement de protestation pacifique afin de s'insurger contre les conditions « inhumaines » dans lesquelles ils sont hébergés. « Regardez dans quel état nous vivons. Nous avons des coupures d'électricité depuis plus d'une semaine, alors que le chauffage est inexistant dans les chambres. Nous ne pouvons ni étudier ni dormir tranquillement tellement le froid et la peur nous ont persécutés toute la nuit. » Nos interlocuteurs ajoutent avoir interpellé le directeur de cette structure à maintes reprises afin de trouver des solutions, mais celui-ci était, selon eux, inscrit aux abonnés absents. Des affiches ont été collées aux murs afin d'informer les résidents sur les raisons de ce débrayage. Interrogés, des résidents nous ont répondu que les pavillons sont dépourvus d'électricité, de douches et de toilettes propres. « C'est tout à fait normal que nous consommions beaucoup d'électricité avec ce froid de canard et ces chutes de neige. Ce qui est anormal, c'est qu'il n'y a pas de chauffage dans les chambres. » Ce n'est que vers 15h que le dialogue a été entamé entre les deux parties suite à la présence de responsables des écoles avoisinantes, telles que l'INI (informatique), l'INA (agronomie), l'ENV (vétérinaire), l'ENP (polytechnique) et l'EPAU (architecture et urbanisme). Autour d'une table, les problèmes des résidents ont été étalés. Prenant la parole, le directeur a affirmé que les coupures incessantes de l'énergie électrique sont dues à la vétusté du réseau électrique. « Les fusibles de l'armoire électrique n'ont pas tenu le coup à cause d'une surconsommation de l'électricité », atteste-t-il, tout en assurant qu'une équipe d'ingénieurs est déjà sur place et devra procéder au renouvellement des câbles électriques du réseau. Déjà sept pavillons sont concernés par cette opération, dont le coût est estimé à 11 millions de dinars. Les résidents estiment qu'il y a une grande complicité des agents de la sécurité qui autorisent les « indus » à s'introduire dans la cité. « Ces gens-là n'ont pas besoin de cartes d'accès, puisque la porte leur est grande ouverte », avancent-ils. Ils ajoutent que des agressions ont eu lieu à l'intérieur de la cité et au restaurant et que des étudiants ont fait l'objet de menaces par armes blanches. « Des étudiants ont été giflés par des extrarésidents à l'intérieur du restaurant. Ce sont ces individus qui parfois organisent la distribution des repas et cochent nos cartes. C'est inacceptable », dira ce groupe d'étudiants. Reconnaissant la complexité de ce problème, le directeur de cette cité répondra que la sécurité à Bouraoui est un problème très délicat. « Depuis vingt-six ans de service, je n'ai jamais travaillé dans des conditions pareilles », affirme-t-il. Installé depuis six mois seulement à la tête de cet établissement, il reconnaît que la situation sécuritaire n'est guère reluisante. « J'ai informé toutes les autorités compétentes, tous les responsables sur la dégradation de la situation sécuritaire. J'ai même interpellé le wali délégué d'El Harrach, le chef de la Sûreté de daïra et le ministre de l'Enseignement supérieur sur cette situation », avoue ce responsable. Il ajoutera qu'il y a une complicité « nette et visible » des agents chargés de la sécurité, mais justifie que les postes budgétaires ne sont pas suffisants. « Que pouvez-vous faire quand vous n'avez que quatre agents pour une cité de 2800 résidents et 14 ha ? Que pouvez-vous faire quand vos agents sont menacés de mort à l'extérieur de la cité par des individus s'ils refusent de les laisser accéder au restaurant de la cité ? », s'est-il interrogé. Le premier responsable de la cité universitaire Bouraoui avouera avoir fait appel à une entreprise privée de sécurité et de gardiennage. « Cette société a travaillé une seule nuit et plus de 800 étudiants se sont retrouvés dehors », atteste-t-il, en précisant que les syndicats d'étudiants n'avaient pas apprécié la venue de cette entreprise et avaient protesté. Prenant la parole, les directeurs et directrices d'école se sont indignés concernant l'insécurité au niveau de cette cité. « La situation telle que vous nous l'avez présentée est très dangereuse », déclarera une directrice, en assurant les résidents de son soutien. « Ce sont nos enfants. Ils ont le droit de dormir en sécurité. »