Dans un réquisitoire dépouillé, Kada Aouaîdia, le procureur général, qui après un cours magistral d'anatomie, parviendra sans peine à réfuter l'argument de la défense qui tentait d'accréditer la thèse des circonstances atténuantes à l'égard de l'accusé. Entamé par la lecture de l'acte d'accusation qui s'étalait sur pas moins de 17 pages, le procès de Charef Benhalima aura bénéficié, incontestablement, des meilleures compétences. Présidé par Mohamed Chbourou, la cour criminelle entamera les auditions de l'accusé et des témoins dans une grande appréhension. Le président ne cessera pas de donner des gages de sérieux et de sérénité dans un procès qui pouvait rapidement dériver vers des sentiers incertains. Connaissant à la perfection les moindres zones d'ombre du dossier, il finira par mettre à l'aise l'ensemble des présents. Pointilleux jusqu'à la perfection, il ne négligera aucun détail, n'hésitant pas à insister, avec pédagogie, sur des aspects susceptibles d'éclairer davantage la suite du procès. Il est vrai qu'il avait hérité d'un dossier d'instruction bien structuré, même si parfois la défense de l'accusé y trouvera quelques minimes imperfections. Intervenant au titre de la partie civile, pas moins de quatre avocats se relayeront pour parler « de l'impressionnante biographie de la victime et de la douleur de la communauté universitaire qui perd en lui un scientifique de grande réputation ». Me Sid-Ahmed Ghobrini soulignera plus particulièrement que « Mohamed Benchehida défendait les principes pour lesquels il est mort ». Ajoutant que les prémices du crime commençaient à se mettre en place dès février 2008, lorsque les étudiants contestèrent les notes obtenues dans le module « Réseaux » assuré par l'enseignant Mohamed Belgasmia. L'avocat Benkritly parlera « des travaux de Benchehida sur les lasers et le nucléaire à Saclay et à Orsay, qui vaudront à son unique collègue palestinien d'être éliminé par les services israéliens. » Pointant un doigt accusateur vers Benhalima, il dira que « ce que les Israéliens n'ont pas fait, tu l'as fais à leur place, ce pourquoi je te félicite ! » La défense de l'accusé sera assurée par Maîtres Nasri et Mamèche. Le premier parviendra à démontrer que son client, « face au refus du chef de département de lui remettre son relevé de notes, s'était fait à l'idée que malgré la brillante soutenance de son mémoire de fin d'études, il était contraint au redoublement. Il était déjà dans cette alternative jusqu'à la date fatidique du 18 octobre, lorsque qu'il se dirigea, armé d'un couteau, vers le bureau du chef de département, avec les suites dramatiques que l'on sait ». Il dénoncera « le laxisme, le favoritisme, le harcèlement sexuel et le marchandage des notes qui ont disqualifié l'université ». Il citera avec d'autres, le grand écart entre les notes catastrophiques de l'examen et celles « excellentes » obtenues au rattrapage dans le module « Réseaux » pour souligner que son client n'en aura pas profité car sa note (10/20) ne lui permettait pas d'accéder au rattrapage. Stigmatisant le système LMD, maître Yahia Mamèche axera surtout sur le refus de remettre le relevé de notes qui serait le facteur déterminant chez son client.