Les terroristes, sous différents accoutrements, certains portant une barbe, se sont adonné à des actes de saccage dans les locaux où se trouvaient des portraits de moudjahidines et de martyrs de la guerre d'indépendance. Tizi Ouzou. De notre bureau Un important groupe armé, plusieurs dizaines d'éléments, selon des témoignages, a fait irruption dans la nuit de jeudi à vendredi dans un bar-restaurant, à moins de 2 km de la ville de Azazga, sur la route de Yakouren (40 km à l'est de Tizi Ouzou). L'établissement appartient à un capitaine de l'ALN, ayant dirigé un groupe de commandos pendant la guerre d'indépendance. C'est en son absence que les assaillants, munis d'armes automatiques, ont assiégé et investi le bar vers 23h. Ils ont procédé au « contrôle » des personnes présentes qui ont été délestées de leur argent et de leurs téléphones portables. Les terroristes, sous différents accoutrements, certains portant une barbe, se sont adonnés à des actes de saccage dans les locaux où se trouvaient des portraits de moudjahidine et de martyrs de la guerre d'indépendance. Un long prêche, dans le pur style islamiste, a été donné par les terroristes à propos de leur guerre contre l'Etat algérien et les services de sécurité. Des CD, contenant sans doute des prêches et des enregistrements d'attentats terroristes ont été distribués aux consommateurs retenus sur place pendant plus d'une heure. Des témoignages indiquent que certains terroristes étaient très jeunes, même des adolescents, certainement nouvellement enrôlés dans les rangs de l'ex-GSPC. En quittant les lieux, les éléments du groupe armé ont emporté des quantités d'aliments ainsi que des ustensiles de cuisine à bord d'un véhicule appartenant à l'un des consommateurs. Le véhicule a été abandonné non loin de cet endroit, les terroristes ayant pris la fuite à travers une piste menant vers les maquis de la région de Tifrit, pouvant servir de transit entre les maquis de Yakouren et d'Aït Chaffaâ. Cette descente terroriste intervient après une relative accalmie dans la localité, où le dernier attentat a été perpétré le 14 septembre 2008, lorsque 4 gendarmes ont été blessés dans l'explosion d'une bombe, pratiquement au même endroit où a eu lieu l'incursion de ce week-end. Fragilisés par les opérations de ratissage menées dans les maquis de la région, aux limites des wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa, les groupes de l'ex-GSPC, devenu El Qaïda au Maghreb, activant dans la localité, ont donné des signes d'essoufflement. La présence de nouvelles et jeunes recrues parmi les assaillants de jeudi dernier confirme que le maquis islamiste a subi de lourdes pertes depuis un an. L'émir de la phalange Al Ansar, Ben Touati Ali, alias Abou Tamim, avait fini par se rendre aux services de sécurité en janvier dernier. Il s'était livré à la brigade de gendarmerie de Yakouren, la même qui avait subi un siège terroriste, dans des proportions d'une opération militaire, en juillet 2007. L'émir Tamim avait été remplacé par Mourad Mesrour, alias Laouer, qui a été tué par les éléments de l'ANP en mars dernier dans les maquis de Mizrana. On ignore le nom de son remplaçant qui a probablement mené la dernière descente nocturne. Le fait que le groupe ait subtilisé du matériel de cuisine accrédite la thèse inquiétante d'une restructuration de cette phalange d'El Qaïda dans les maquis de Yakouren, avec un périmètre d'action pouvant aller à Azeffoun et Mizrana. Ils réinvestissent le terrain avec les mêmes armes, les mêmes méthodes et les mêmes erreurs. Ils se sont attaqués à un établissement appartenant à un ancien officier de l'ALN, dont le groupe de choc avait survécu à l'action militaire et psychologique de l'armée coloniale.