Le climat sécuritaire s'est sérieusement dégradé depuis le mois de mars dernier en Haute Kabylie. L'opération de ratissage à laquelle participent plus de 4 000 hommes se poursuit toujours. Les terroristes ont encore sévi à Aïn El-Hammam, à 50 km à l'est de Tizi Ouzou. Après une accalmie qui aura duré une quinzaine de jours, voilà que les groupes terroristes d'Al-Qaïda au pays du Maghreb, activant en Haute Kabylie, font encore parler d'eux. En effet, dans la nuit de mardi à mercredi, un important groupe armé a fait incursion, aux environs de 21h, dans le centre-ville. Ces irréductibles se sont d'abord attaqués aux établissements de boissons alcoolisées se trouvant à proximité de la principale station des fourgons pour “visiter” les lieux et tenter d'opérer des rackets sur les citoyens et les consommateurs. L'incursion ne s'arrêtera pas là puisque ce même groupe a visité, pour la seconde fois, un débit de boissons alcoolisées dans la localité d'Akkar, à 500 mètres à la sortie ouest du chef-lieu d'Aïn El-Hammam. Scindés en plusieurs groupuscules, les terroristes ont sillonné toute la région à la recherche d'autres dépôts de boissons alcoolisées et de ressources financières à travers le racket, d'une part, et humilier les consommateurs et semer la terreur, d'autre part, surtout en cette période de grandes vacances et de fêtes. La même nuit, ce groupe qui portait par ailleurs des gilets de la Sûreté nationale et des tenues militaires, probablement contrefaites ou récupérées lors des attentats perpétrés ça et là, a dressé un faux barrage à l'intersection de Chemakh, à 2 km au nord-ouest de la ville. Selon notre source, les terroristes ont investi, aux environs de 1h du matin, la chaussée. Le lieu choisi pour arrêter les automobilistes n'est pas fortuit puisqu'il mène vers Larbaâ Nath Irathen et Tizi Ouzou, Ath Yenni, Ath Ouacif, l'hôpital et tous les villages limitrophes des Ath Menguellet. Profitant de la nuit et du lieu invisible depuis les crêtes et collines de la Haute Kabylie, les assaillants ont intercepté un véhicule à bord duquel se trouvait un officier supérieur de l'Armée nationale populaire, plus exactement des forces aériennes algériennes, nous dit-on. Fort heureusement, l'officier en question a senti qu'il s'agissait d'un faux barrage et a eu, du coup, la prouesse de quitter son véhicule au bon moment et de prendre la fuite, laissant derrière lui ses effets personnels (papiers, portable, etc.). Il venait d'échapper à un attentat certain. Acharnés, les hordes criminelles ont alors saccagé complètement la voiture du militaire avant de l'abandonner aux environs du secteur sanitaire d'Aïn El-Hammam. Selon notre source, ce groupe terroriste serait affilié à katibat Enor activant sur le large périmètre allant des Ouacifs à Aïn El-Hammam. Hier matin, la population était encore terrifiée par cet énième acte terroriste qui intervient au moment où près de 4 000 hommes encerclent toute la région et resserrent l'étau sur un important groupe armé en retrait dans les grottes de la région depuis mai dernier. Il faut noter que la Kabylie connaît, depuis plus de six mois, un regain inquiétant d'attentats terroristes. En mars dernier, un groupe terroriste qui essayait de faire une incursion à Aïn El-Hammam a été repoussé par les forces de sécurité. Quelques jours plus tard, un groupe d'individus armés avaient racketté, dans la même localité, des consommateurs dans des débits de boissons alcoolisées et pris leurs téléphones portables. FARID B./Samir Leslous