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Un crime est resté impuni
Publié dans El Watan le 07 - 05 - 2009

L'idée maîtresse qui s'en dégage devrait aboutir à la démonstration irréfragable qu'un crime contre l'humanité a été perpétré le 8 mai 1945 en Algérie, c'est incontestablement le cas.Dès le 1er mai 1945, des manifestations revendicatives de l'indépendance ont été organisées à Alger, Blida, Oran, Béjaïa… Celles-ci ont été réprimées dans le sang (environ une dizaine de morts), mais, c'est à Sétif, ce mardi 8 mai 1945, que les Algériens ont voulu exprimer leur joie (au même titre que les hommes épris de liberté à travers le monde) et rappeler à cette occasion la promesse faite pour «le respect du choix qu'a chaque peuple de choisir la forme de gouvernement sous lequel il doit vivre» et «les droits souverains et le libre exercice du gouvernement à ceux qui en ont été privés par la force». Le jeune saâl Bouzid, le porte-drapeau de l'emblème algérien, a été froidement exécuté. Cet acte ignoble provoqua le dérapage de cette manifestation voulue pacifique par les Algériens et constitua le point de départ d'un massacre d'une barbarie inouïe à travers l'ensemble du pays (Sétif, Kherrata, Guelma, Saïda…).
Le sang des Algériens, qui a coulé à flots pour la défense du monde libre et notamment de la France, coulera à nouveau lorsqu'il s'agira de la revendication de leur liberté.
«La participation conséquente des Algériens à ce conflit (1939-1945), mais à titre d'anationaux et de non-citoyens dans le cadre de la souveraineté française disloquée, devait mener la logique de la tutelle coloniale jusqu'au bout de l'absurde : le colonisé appelé à libérer son propre colonisateur.» (Abdelmalek Benhabylès) 45 000 des leurs seront sommairement assassinés par la soldatesque française et les milices des colons. Le nombre de morts varie selon les sources :
— 80 000, d'après les oulémas ;
— 35 à 40 000, selon Linkley, ambassadeur américain ;
— 15 000 environ, pour le général Tubert
— 7000, selon certaines administrations françaises.
Sans trop épiloguer sur cette comptabilité macabre, la mémoire collective algérienne retient que cette tragédie est l'un des meilleurs exemples des «bienfaits de la colonisation».
L'intention de manifester pacifiquement, ce 8 Mai 1945, en faveur de la paix entre les peuples et la liberté pour tous, était évidente.
Hormis Eugène Vallet qui, dans son livre Un drame algérien, la vérité sur les émeutes de mai 1945, vomit tout son racisme pour rendre responsables les Algériens, la plupart des témoins, dont la crédibilité ne saurait souffrir le moindre soupçon, ont fait la part des choses et décrit la réalité des faits. La haine affichée par Achiary (sous-préfet de Guelma) et ses appels aux lynchages des Algériens, l'horreur des fours à chaux fument la chair humaine et l'inimaginable drame des suppliciés des gorges de Kherrata sont, sans nul doute, à la base de la réaction d'Albert Camus : «Quelles que puissent être les justifications, l'histoire de la France restera entachée par ce massacre aveugle qui n'a épargné ni la femme ni l'enfant en Algérie, au cours d'un rassemblement pacifique.» Le général Tubert, chargé par de Gaulle de faire une enquête sur ces tragiques événements, parle de «sanglante répression aveugle (qu'il considère) comme une erreur aveugle». Il écrivait dans une lettre à Me Stibbe : «La raison d'Etat, la commodité d'une répression aveugle et massive permettant de châtier quelques coupables parmi les milliers d'innocents massacrés, l'immunité de ‘‘fait'' couvrant, par exemple, le sous-préfet Achiari qui, plusieurs jours après le 8 mai 1945 à Sétif…, fit délibérément arrêter et fusiller, sans autre forme de procès, des musulmans… dont les familles réclament en vain une enquête, un jugement ou même une simple explication.» Incontestablement, un crime a été commis et est resté impuni. Ce jour-là, mardi 8 mai 1945, 45 000 Algériens sont massacrés à Sétif, Kherrata, Guelma… par la soldatesque coloniale française. Au nom du peuple français, au moment même où celui-ci célébrait la victoire sur la barbarie nazie. Aujourd'hui, à l'ombre de ces morts, qui ont laissé cette terre libre en héritage, il nous faut remettre les pendules de l'histoire à l'heure de la vérité. Face à ces horribles charniers, l'on ne se contentera plus désormais de pleurer nos morts. Nous avons décidé aujourd'hui :
— de lutter contre l'oubli, contre l'érosion du temps ;
— d'exiger des auteurs de ces crimes monstrueux réparation ;
— de faire en sorte que l'épaisseur de ce mutisme coupable soit dénoncé ;
— de considérer nos suppliciés à la même hauteur de l'épouvantement d'Ouradour sur Glane ou du Pogrom de Varsovie.
Des hommes ont décidé
de lutter contre l'oubli
La Fondation du 8 Mai 1945, née de cette exigence, rouvre le dossier de ce crime. Un crime contre l'humanité. La reconnaissance de celui-ci est un impératif, un impératif de notre mémoire. C'est un combat que nous souhaitons mener conjointement avec les Français épris de liberté et de justice. Car, en plus d'une histoire et d'une mémoire communes à assumer, la géographie, la configuration future du monde et les liens culturels, linguistiques, civilisationnels et surtout matrimoniaux, lesquels ont donné naissance à une communauté de binationaux importante, forment, de notre point de vue, une osmose devant aboutir à un avenir d'amitié et de solidarité entre nos deux peuples. Cette approche suppose que soient levés les équivoques et les préalables dont certains, par calcul politicien et chauvin, voudraient entourer l'histoire de la colonisation. L'organisation du colloque de l'Hôtel de Ville de Paris, le 6 mai, est une initiative louable qui devait se situer, selon nous, dans cette perspective d'instauration de nouvelles relations entre l'Algérie et la France, sur une base de respect et d'amitié. Il est indéniable qu'elle pourrait s'inscrire dans l'esprit de l'appel des 121 pendant la guerre de libération et l'appel des 12 relatif à la torture.


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