C'était un crime de l'homme ! C'était l'impunité, «L'irrespect instauré» pour reprendre une pensée de philosophe Proudhon. La France libérée avec les notions : Fraternité et Solidarité avait promis aux Algériens le droit à la terre promise : l'Algérie. Ces «indigènes», qui ont combattu à ses côtés en Indochine et à Montecassino (battaille de mont Cassino Italie) croyaient à un lendemain meilleur : le retour à la dignité, être indépendants, loin de l'asservissement et du joug colonial. Ces êtres que l'on voulait «corvéables et serviables à merci» se soulevèrent. Ils voulaient une patrie, leur soleil confisqué. Qu'elle fut la réponse de cette France coloniale ? Une répression sanglante. Sous les ordres du sous-préfet Achiary, les miliciens tiraient sur les manifestants. Ce fut l'horreur et le désarroi. Beaucoup furent tués, l'emblème national à la main. On ne s'arrêta pas là. On commença alors à des arrestations arbitraires. On n'épargna personne. On faisait sortir les gens de chez-eux même la nuit. Les despotes étaient insensibles aux larmes des femmes. Guelma dans ces moments atroces a connu la tyrannie et la douleur. Les citoyens de toutes les couches sociales étaient conduits à la gendarmerie. Après la torture, ils étaient conduits par camions à Kef El Bomba et aux moulins du colon Lavy, près d'Héliopolis, lieux sinistres du massacre. On les parqua comme des «moutons», comme le disait le poète N. Hikmet. On les aligna et on les fusilla. Un père très connu dans cette ville avait dit à ses deux enfants avant de mourir : «Soyez courageux, mes enfants ! Criez avec moi vive l'Algérie !» Et ils tombèrent sous les balles assassines. André Malraux avait dit un jour : «L'homme est ce qu'il fait. Ce qu'il peut faire. Rien de plus.» Nos martyrs du 8 Mai 1945 à Guelma ont construit pour nous une citadelle. Ils ont semé l'espoir. Leur message était le suivant : défendre notre patrie, notre «centre». Combattre pour l'avenir de nos enfants.