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Les non-dits de la Bataille d'Alger
Publié dans El Watan le 13 - 05 - 2009

C'est André Achiary. «Le 22 mars 1945, il (André Achiary) prend les fonctions de sous-préfet de Guelma, nommé par le gouverneur socialiste d'Algérie, Yves Chataigneau. «Sous la hantise d'une insurrection arabe et croyant au complot, il est persuadé que les nationalistes du Parti du peuple algérien (PPA) sont prêts au soulèvement. Il organise le 9 mai 1945 une milice coloniale forte de plusieurs centaines d'hommes, pourvue par l'armée en armes automatiques, qui sévira dans la répression au cours des mois de mai et de juin 1945. Bien que responsable directement, ou indirectement, de 2000 à 3000 assassinats à Guelma et dans la plaine alentour, il est décoré en janvier 1946 de la Légion d'honneur, au titre de la résistance. En 1947, il rentre à Alger, alors qu'il était nommé secrétaire général du préfet de la Manche (France), où il devient entrepreneur, il obtient notamment le contrat de construction de l'immeuble de la sécurité sociale à Alger.
En 1955, il se lie avec les partisans de l'Algérie française», est-il écrit sur le personnage. Quant au côté non apparent de André Achiary, il était à la tête de l'organisation de la Main rouge, une organisation qui s'est spécialisée dans l'élimination des personnalités politiques et militaires du FLN.
Pour ce faire, il a tissé de profondes relations avec le milieu algérois, notamment avec les bandits et autres «Hazawates» de La Casbah et de Bab El Oued. André Achiary aimait se droguer à la cocaïne en compagnie de sa femme. Il se faisait approvisionner à domicile par un certain Aziouez. Ma rencontre avec Yacef Saâdi, en 1955, alors que tous les éléments ayant déclenché le 1er Novembre 1954 à Alger étaient pour la plupart arrêtés par l'armée et la police française.
Pour ma part, je cherchais à établir des contacts pour monter au maquis. Aucune possibilité ne se présenta à moi alors. Mes seuls contacts demeuraient Debih Cherif et Bouchafa Mokhtar. Passant d'un contact à un autre, mon destin me fera rencontrer Yacef Saâdi avec lequel on organisa Alger en trois régions : 1, 2 et 3. La première était dirigée par ses soins. Moi, je devais m'occuper de la 2e. Quant à la 3e, c'est à Mustapha Fettal qu'elle incombait. Pour commencer notre «bataille», on disposait de 4 armes, des pistolets.
Chacun de nous devait constituer son réseau. A mes côtés, j'avais adjoint Mohamed Laddour. Incendie des garages rue Valentin, en mars 1956, tandis que l'Assemblée venait de voter «des pouvoirs spéciaux» au gouverneur d'Alger. On s'est entendu, Yacef, moi et Fettal, d'organiser une série d'attentats synchronisés. On a arrêté 9 cibles, nos actions consistaient en l'incendie des garages se trouvant à Alger-Centre et au Carroubier. Mustapha Fettal devait incendier les garages de la SFRA, Yacef et Ali La Pointe les garages du bd Saint Saens.
L'objectif de ces attentats était de plonger Alger dans l'atmosphère de la guerre. Le 15 mars 1956 était la date arrêtée et l'heure était une heure du matin. En ce qui me concerne, j'ai mis tout au point pour organiser l'incendie des garages se trouvant rue Valentin, actuellement siège d'Air Algérie, place Audin.
Pour ce coup, qui a fait la une de la presse, j'ai été secondé par Messoud Boukaddoum, qui utilisa son véhicule, et deux autres fidaïne venus du maquis. La chance m'a souri, pas à Yacef Saâdi et à Fettal Mustapha. Leurs actions ont échoué, tout en réussissant à terroriser les Européens d'Alger. Et c'était là l'objectif recherché. Robert Lacoste, alors gouverneur d'Alger, impose un couvre-feu, c'était le 16 mars 1956.
Abane Ramdane, qui commandait alors la Wilaya IV, puisque Alger était considérée comme zone dépendante de son autorité, n'était pas mis au courant de cette série d'attentats. Il était furieux, non content même. Mais l'impact psychologique induit par nos actions sur la population européenne à Alger a joué en notre faveur. Attentat sur André Achiary. Entre moi et Yacef Saâdi, le contact n'a jamais été interrompu.
Le petit Omar était chargé de me conduire à lui, en passant par «une boîte aux lettres», un laitier à La Casbah. Un jour, c'était en mai 1956, il me parla de André Achiary. Sans hésitation aucune, je lui rétorquais que je me faisais un honneur de l'éliminer physiquement. C'est alors qu'il me parla de la dépendance de Achiary de la drogue, tout en me confiant qu'un certain Aziouez l'alimentait.
Ce jeune se mêlait aux Achiary, Mr et Mme, et était invité à leurs parties. Tout en réaffirmant mon souhait de vouloir liquider Achiary, Yacef me donna son adresse exacte. Il habitait bd Saint Saens, au Télemly, près du cinéma Débussy. De fil en aiguille, j'ai pu localiser son appartement, c'était au premier étage.
En sus de sa femme, il avait une «bonniche», une Algérienne. Me montrant très élégant à son égard, très courtois même, j'ai fini par la mettre en confiance. Un jour, en compagnie de Mohamed Laddour, on organisa une descente en pleine matinée. Hélas, Achiary n'était pas là.Ensuite, puisque la confiance régnait entre moi et la domestique, j'ai convenu avec elle d'un plan : je voulais prendre possession des lieux et attendre qu'il soit là pour le cueillir et l'égorger avec un poignard, pour éviter de tirer des coups de feu dans l'appartement. Pour cela, elle devait se mettre au balcon et me faire signe Elle me communiqua l'emploi du temps d'Achiary.
Un emploi du temps que j'ai scrupuleusement vérifié. Ses sorties et ses rentrées étaient presque invariables. Il rentrait entre midi et midi trente pour déjeuner, c'est là que je devais le liquider. Une fois mon plan arrêté, je pars voir Yacef Saâdi pour l'informer. On s'est rencontrés chez lui, il avait une baraque sur la terrasse.
Cette rencontre est intervenue au cours du mois de Ramadhan. Il n'était pas seul, il y avait également Omar Hamadi et Ali La Pointe. Après avoir mangé la chorba du mois sacré du Ramadhan, je leur ai dévoilé mon plan. Omar Hamadi a montré des réticences en m'indiquant qu'il était risqué de se fier à cette domestique. J'ai insisté pour maintenir le plan en son état.
Le lendemain, chacun de nous s'est luxueusement habillé. Yacef Saâdi procura des costumes qu'il a empruntés d'un «dégraissage» et qu'il remettra respectivement à Omar Hamadi et à Ali La Pointe. Etant de sa taille, j'ai mis son costume et sa cravate. Après quoi, nous avons pris un taxi qui avait l'habitude de travailler avec nous dans pareilles circonstances. Il était 11h 30. On est sur les lieux.
Là, Hamadi revient à la charge pour me demander d'annuler le plan initial ; c'est-à-dire de ne pas accéder au domicile d'Achiary et de l'attendre dehors. A 12h30, Omar Hamadi et Ali La Pointe sont impatients, puisque Achiary ne se pointa pas comme attendu. Les doutes augmentent, la colère aussi. L'un comme l'autre étaient convaincus que la «bonniche» nous avait vendus. Sauf, moi. Retiré légèrement de Hamadi et de Ali, j'ai entendu un bruit étrange, suivi de «lever les mains».
Dans un geste machinal, Ali La Pointe a dégainé ses deux pistolets et commencé à tirer des coups de feu sur les policiers qui me tenaient en joue. Omar ne le suivra pas dans son geste, moi non plus. Les policiers se couchent à terre.
Dans cette confusion, Ali a trouvé le moyen pour se sauver en remontant vers le Télemly où l'attendait le taxi. Hamadi Omar, qui était comme inhibé, est resté sur place, immobile, pour se faire arrêter. Quant à moi, en repérant les escaliers conduisant à Meissonnier, je les pris dans une folle course contre la montre. Quelle déception ! Le soir même, je retourne chez Yacef, sa mère me conseille de trouver un refuge pour me cacher, car la police et l'armée française étaient venues chercher Yacef et ce, juste après l'arrestation de Hamadi Omar. J'étais désolé, dégoûté même. Je me considérais comme responsable non seulement de cet échec, mais aussi de l'arrestation de mon «khou», Omar Hamadi en l'occurrence. Je ne pouvais pas me le pardonner. Dans ma tête, j'ai déjà condamné la «bonniche» algérienne, sa mort était une question de jours. Achiary ne savait pas qu'il allait être assassiné et la «bonniche» ne nous a pas donnés aux Français. J'ai vécu avec ce sentiment de culpabilité jusqu'au jour où j'ai découvert la vérité. J'ai été arrêté le mois d'août 1956. A Serkadji, où j'étais emprisonné, j'ai eu à parcourir les minutes du procès (PV de l'audition du tribunal) de Omar Hamadi. En le parcourant, j'ai découvert que le jour où on devait exécuter Achiary (moi, Hamadi et Ali La Pointe), des soldats en permission passaient par le Télemly. Un des soldats avait reconnu Hamadi Omar, car ce dernier était activement recherché pour sa désertion de la caserne de Aïn Taya en compagnie de Arbadji. Le soldat a signalé à la police du Commissariat central la présence de Hamadi près du cinéma Débussy. C'est comme ça que l'attentat a échoué par le fait du pur hasard. Ce fait n'a jamais fait l'objet d'une quelconque médiatisation, à l'exception de ce qui a été rapporté par Yacef Saâdi dans son livre La Bataille d'Alger. Même Omar Hamadi n'en parla point, ni lors de son arrestation ni lors de son procès.
Ce qui m'obligea à affirmer que même Achiary n'a jamais su qu'il était la cible d'un attentat manqué pour répondre des atrocités qu'il a commises à Guelma. J'ai su par la suite que ce sinistre personnage a trouvé la mort à Madrid (Espagne) en novembre 1983. Des quatre ayant planifié cet attentat (moi, Yacef Saâdi, Ali La Pointe et Omar Hamadi), seuls Yacef Saâdi et moi-même sommes restés en vie pour témoigner que la révolution allait venger les populations de Sétif, Guelma et Kherrata qui ont été massacrées par des criminels de guerre, à l'image de ce que fut André Achiary.
– L'auteur est : Ancien militant du PPA-MTLD – Ancien officier de l'ALN -Ancien responsable de la fédération FLN d'Alger – Ancien député d'Alger – Incarcéré à Serkadji et Bethioua – Compagnon de Didouche Mourad, Debih Cherif, Adda Ben Aaouda, dit Commandant Zeghloul,
Omar Hamadi,
Ali La Pointe et Yacef Saâdi


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