La place qu'occupe la femme dans la vie économique n'est plus à démontrer. Les femmes algériennes ont su capitaliser leurs compétences, au même titre que les hommes, au service du développement économique. Si elles occupent tous les secteurs d'activités à différents postes de responsabilité, elles restent toutefois peu nombreuses à tenter l'entreprenariat. Les femmes chefs d'entreprise ne représentant que 3,2% du total des femmes actives qui est de l'ordre de 18%. Pourquoi tant de réticences à devenir chef d'entreprise ? C'est pour répondre à cette interrogation que deux associations féminines, AME (Algériennes managers et entrepreneurs) et Afcare (Association des femmes cadres d'entreprises), ont organisé hier au Hilton, une conférence sur l'entreprenariat féminin. Mme Remaoune Nouria, directrice du centre de recherche en anthropologie sociale révèle les résultats d'une enquête sur les difficultés de l'entreprenariat féminin. Elle indique qu'en sus des difficultés rencontrées par tout les opérateurs économiques en Algérie, les femmes font aussi face à « la faiblesse du soutien et de la qualité de l'accueil et de la prise en charge de la petite enfance en Algérie, les empêchant de se consacrer pleinement à leur activité professionnelle ». Cette sociologue souligne en outre le problème « du marché des appels d'offres qui est insuffisamment structuré pour favoriser l'entreprenariat féminin ». La même enquête dévoile que sur un échantillon de 100 femmes, 51,8% ont répondu que l'idée du projet de créer une entreprise émane de la formation qu'elles ont reçue ainsi que de l'expérience professionnelle acquise au bout de quelques années. Alors que 28,2% ont révélé que le montage financier de l'entreprise a été monté et réalisé grâce au soutien familial, contre 16,5% qui ont bénéficié d'un crédit bancaire en plus du fonds propre. L'enquête montre aussi que 67% des femmes chefs d'entreprise sondées n'ont pas bénéficié du soutien de l'Ansej (Agence nationale de soutien à l'emploi de jeunes), alors que 98% n'ont pas eu accès à l'aide de l'ANDI (Agence nationale de développement de l'investissement). Mme Remaoune indique par ailleurs que 57% des femmes ont choisi le secteur des services dont 90% préférant gérer elles-mêmes leurs entreprises. Alors qu'elles sont 53% à se consacrer entre 8 et 10 heures par jours à leur affaire, 50,6% ont estimé que la compétence est la seule garante de la réussite d'une entreprise contre 48,2% à considérer que le réseau relationnel y joue un rôle important. Contrairement aux idées reçues, elles ne sont que 17,6% à considérer les responsabilités familiales comme un frein à une meilleure gestion de l'entreprise. La conférence organisée hier a été aussi un cadre pour mettre sous les feux de la rampe, les expériences de femmes qui ont bravé les difficultés qu'encourt tout créateur d'entreprise, pour lancer leurs propres affaires. Elles ont fait état pour certaines de la difficulté d'accéder aux crédits bancaires, et pour d'autres au foncier. Le fait d'appartenir à un réseau de patronat ou de relations ouvre, semble-t-il, des portes, soulignent les femmes chefs d'entreprise.