Méconnaissance ou simple difficulté d'identification ! En l'absence d'enseignes et autres plaques d'identification de nos rues, le citoyen est souvent contraint à se faire des repères physiques… comme au bon vieux temps. Les noms de nos rues ne sont pas connus du commun des citoyens et même parfois des habitants eux-mêmes. En voilà une débâcle en matière de communication, affirment les architectes qui disent, sans rougir, que nos villes sont dépourvues de visages. Les pouvoirs publics qui s'empressent à baptiser des rues, n'importe comment, n'ont jamais pris le soin de démontrer la valeur. De valeureux martyrs ont vu leurs noms collés à des rues nauséabondes, et qui par pire haine, ces mêmes rues préfèrent s'identifier à des « choses » sans valeur. L'exemple est courant, mais il nous a été donné, à Bouira, par la rue Fadhma n'Soumeur où l'on a érigé dernièrement une trémie qui servira bien par la suite d'identifiant. Alors qu'administrativement cette rue est baptisée au nom de la Jeanne d'Arc du Djurdjura, héroïne kabyle ayant combattu les armées du maréchal Randon (1850-1857), cette rue-passage-obligatoire, continue à porter un nom qui ne symbolise rien, sauf qu'il évoque l'existence en cet endroit d'un laboratoire d'analyse d'un médecin nommé Sayah. Même les autorités de wilaya, censées promouvoir ce nom légendaire, continuent à évoquer « le pont Sayah » par effet d'entraînement… dans les envois qui nous parviennent de la cellule de presse de la wilaya, celle-là même qui ne fait que répercuter des écrits faits en haut, l'erreur est toujours là. Sayah, propriétaire de plusieurs locaux commerciaux dans cette rue, semble bien faire l'ombre à Lalla Fadhma n'Soumeur. Ce n'est nullement la faute à Sayah… faut-il le préciser. Ainsi et faute de réhabilitation de l'héroïne du Djurdjura, espérons que les citoyens finiront par identifier la rue au nom d'un chahid, même un autre, à l'exemple de Guemraoui, dont la statue trône à quelques mètres seulement de là…