La Cour suprême a rejeté hier tous les pourvois en cassation introduits par les 32 mis en cause dans le scandale des 32 milliards de dinars, confirmant ainsi les décisions de la chambre d'accusation près la cour d'Alger rendues au mois de juillet 2007. Celle-ci avait retenu les qualifications relevant du tribunal criminel, ce que les avocats, notamment de Achour Abderrahmane, ont réfuté, du fait que la convention d'extradition judiciaire, entre l'Algérie et le Maroc, ne permet pas d'ajouter d'autres griefs que ceux pour lesquels il a été extradé vers l'Algérie. Cette confirmation intervient alors que le principal accusé dans cette affaire, Achour Abderrahmane, avait été transféré d'Alger vers le tribunal de Koléa, pour être entendu sur une nouvelle affaire de chèque sans provision. La Cour suprême a également rejeté les pourvois en cassation introduits dans le cadre de l'affaire de l'ancien chef de sûreté de la wilaya de Tipaza, Hachemi Zouai, l'ex-chef de la police judiciaire de cette même wilaya, Kalikha, et son adjoint ainsi que l'ex-directeur de la clinique des Glycines, Sbih, poursuivis pour corruption, abus d'autorité, faux et usage de faux. Ils sont accusés d'avoir rédigé et remis (contre de l'argent) un faux document à Achour Abderrahmane pour le blanchir de tous les faits qui lui sont reprochés et se défendre au Maroc (où il s'est réfugié) contre son extradition vers l'Algérie. Le juge d'instruction a placé l'ex-chef de la sûreté de wilaya de Tipaza, Zouai, en liberté provisoire, et l'ex-directeur de la clinique des Glycines, Sbih, sous contrôle judiciaire, alors que l'ancien commissaire de Koléa, Gherzouli, a eu un non-lieu et Kalikha, adjoint du chef de la police judiciaire, maintenu sous mandat de dépôt. Décisions qui ont fait l'objet d'un pourvoi en cassation rejeté hier par la Cour suprême, laquelle a renvoyé l'affaire devant le tribunal criminel. Pour de nombreux avocats, ce volumineux dossier, lié à des jeux de traites creuses et croisées, de chèque de cavalerie et d'escroquerie, est étroitement lié à celui du faux document (établi par les officiers de la police) du fait que ce dernier a été rédigé dans le but évident de blanchir Achour Abderrahmane des faits qui lui sont reprochés par la BNA. Pour nos interlocuteurs, les intérêts des deux affaires se rejoignent et peuvent constituer un seul dossier. A signaler que ce scandale historique a éclaté en octobre 2005, mais en dépit de la longue instruction judiciaire, une grande partie du voile n'a pu être levée sur les importants mouvements de chèques de cavalerie, les colossaux crédits non garantis et les jeux de traites creuses et croisées qui ont saigné la BNA de 2001 jusqu'à novembre 2005. Le pot aux roses n'a pu être découvert que grâce à une lettre anonyme envoyée en octobre 2005 aux plus hautes autorités. Une plainte a été déposée par la BNA et l'instruction s'est soldée par l'inculpation de 32 personnes, dont les associés de Achour Abderrahmane, sa secrétaire et son épouse. Le juge a également inculpé les responsables des agences BNA de Bouzaréah, de Zighoud Youcef, de Cherchell, de Koléa, ainsi que l'ex-PDG de la BNA, Chikhi, son inspecteur général, le directeur régional et celui du réseau exploitation, deux commissaires aux comptes, deux experts-comptables, le directeur du service informatique pour, entre autres, association de malfaiteurs, dilapidation de deniers publics, faux en écriture bancaire, escroquerie et chèques sans provision. Parmi les mis en cause, 15 ont été mis sous mandat de dépôt, notamment les responsables des agences, alors que deux autres sont concernés par des mandats d'arrêt, dont un international à l'encontre de l'ex-directeur de l'agence BNA de Bouzaréah, actuellement réfugié en Grande-Bretagne. Il y a quelques jours, un avocat a été radié du barreau, après avoir été mis en cause par un des associés de Achour Abderrahmane dans une affaire de corruption. Il a été inculpé par le tribunal de Chéraga près la cour de Blida.