« C'est malheureux de le dire, mais de nombreux patriotes font face à des situations aussi pénibles que celle vécue par Mohamed Gharbi. Même si je n'ai pas le droit de commenter une décision de justice, j'estime que Gharbi devait bénéficier des circonstances atténuantes ». Sidi Bel Abbès : De notre bureau C'est en ces termes que Meziane El Rabie, dit Hadj Abderrahmane, coordinateur régional de l'Organisation nationale de défense des combattants du terrorisme (ONDCT), a qualifié hier la récente condamnation à mort par le tribunal de Guelma de Mohamed Gharbi, patriote et ancien officier de l'ALN. Contacté par téléphone, Hadj Abderrahmane donnait l'impression de ne pas trop vouloir s'étaler sur une affaire aussi regrettable qu'embarrassante. Connu pour être proche de nombreux responsables de la lutte antiterroriste à Sidi Bel Abbès et au niveau de la 2e Région militaire d'Oran, le coordinateur de l'ONDCT semblait surtout ne pas vouloir aller à contresens du discours officiel prônant la poursuite du processus d'application de la charte de la réconciliation nationale. « Une rencontre regroupant d'anciens moudjahidine et des patriotes du pays est prévue à Tébessa ou à Souk Ahras, la semaine prochaine, pour examiner le cas Gharbi. Je préfère, pour le moment, ne pas me prononcer sur la démarche à adopter suite à la condamnation de Gharbi », a-t-il déclaré. Militant du FLN, Hadj Meziane avait adopté la même attitude en février dernier lorsque nous l'avons sollicité pour donner son avis sur les appels lancés pour l'organisation de journées de protestation et ce afin d'exiger un traitement rapide et particulier du dossier des patriotes. « Nous ne partageons pas la démarche de certains groupes de patriotes de l'ouest du pays qui ont appelé ces derniers mois à des actions de protestation », avait-il affirmé, tout en appelant les pouvoirs publics à prendre en charge rapidement les doléances des patriotes. « Le dossier des patriotes exige un traitement rapide et particulier et cela dans la cadre de la mise en œuvre de la charte pour la paix », a-t-il souligné. Selon des juristes, la charte pour la paix et la réconciliation nationale prévoit l'octroi d'une pension permanente à cette catégorie de citoyens pour services rendus à la République, mais le texte de loi fixant les conditions et les modalités de cette rétribution n'est toujours pas rendu public. En février dernier, Hadj Abderrahmane, se référant à des déclarations du ministre délégué chargé des Collectivités locales, avait indiqué que le texte « est actuellement à l'étude » au niveau du ministère de l'Intérieur. D'après les informations recueillies auprès du coordinateur de l'ONDCT, le nombre de patriotes recensés à travers la wilaya de Sidi Bel Abbès oscille « entre 11 000 et 18 000 éléments », précisant que, parmi ce nombre, « près de 700 patriotes activent à ce jour aux côtés des forces de sécurité ». Parmi cette poigné de patriotes opérant encore sur le terrain, L. Bekhaled, ne cache pas son pessimisme : « La détérioration persistante des conditions sociales de ceux qui ont mené une guerre sans merci aux groupes terroristes est de plus en plus inquiétante. Une réponse rapide et équitable doit être prise pour permettre aux patriotes de vivre dignement après de longues années de luttes et de déchirements ». La section locale de l'ONCDT compte quelque 6 000 adhérents, selon Hadj Abderrahmane.