Mohamed Gharbi, ancien membre de l'ALN, a été condamné à la peine capitale pour avoir tué un chef terroriste gracié qui le menaçait de mort, chez lui à Souk Ahras. Pour les mêmes faits, il avait été condamné une première fois, en 2004, à 20 ans de réclusion criminelle après avoir bénéficié des circonstances atténuantes. En 2006, il est jugé une seconde fois pour écoper de la prison à perpétuité. Après cassation, le procès s'achève sur une condamnation à mort. « Cette gradation dans la peine révèle l'intransigeance à l'égard de ceux qui ont défendu l'Etat et la société au moment où une grande clémence est accordée à ceux qui ont déclaré la guerre à ce même Etat et cette même société. Cette ségrégation est perçue comme une menace contre tous ceux qui ont combattu hier les terroristes et qui réclament aujourd'hui plus de concessions. Je peux dire que la gradation de la peine constitue un signal fort contre tous ceux qui ont pris les armes pour défendre leur vie et celle de leurs concitoyens », a déclaré son avocat. Néanmoins, il a tenu à préciser que « personne n'aimerait instaurer l'impunité, mais Gharbi faisait partie d'un GLD qui était tout le temps en état de légitime défense parce que menacé chaque seconde de toutes parts. Il ne faut surtout pas ramener son acte à l'échelle individuelle ». En effet, Mohamed Gharbi, ancien officier de l'ALN, a dû reprendre les armes en 1993 pour défendre sa ville, Souk Ahras, où les terroristes intégristes semaient mort et désolation. En 1994, le premier groupe d'autodéfense est élargi quelque temps plus tard à 300 hommes qui traquaient jour et nuit les phalanges de la mort dirigées par Ali Merad, cadre du parti dissous et chef de l'AIS, une organisation terroriste. En 2000, la grâce amnistiante va faire revenir tous les assassins d'avant dans leurs quartiers. Comme tous ceux qui ont affronté les terroristes, Mohamed Gharbi n'a pu accepter que Ali Merad, l'ancien émir qu'il traquait de maquis en maquis, vienne le provoquer devant sa maison en le menaçant de mort. Il a alerté les services de sécurité à plusieurs reprises, en vain. Le 2 février 2001 vers 22h, Gharbi est devant le complexe sportif. Le chef terroriste, en compagnie d'un repenti, passe devant lui et lui lance en exhibant un pistolet automatique : « Espèce de taghout, ton jour est venu. » Le repenti brandit un couteau avant que Merad lui dise : « Viens, nous réglerons son cas plus tard. » Le lendemain, Mohamed Gharbi informe le commandant du secteur militaire de Souk Ahras et les différents services de sécurité, les avertissant que dans une semaine, si des mesures ne sont pas prises pour assurer sa sécurité, il agira. Ne voyant rien venir, le patriote prend la décision de se faire justice. Le 11 février 2001, il se dirige vers la cité des 1700 Logements, au centre-ville de Souk Ahras, et tire une rafale de kalachnikov sur le repenti, le laissant pour mort, sous les cris de « Tahya Al Djazaïr », « Yahia chaâb el djazairi ! », « Vive la nation algérienne, nous sommes des moudjahidine et des résistants ». Mohamed Gharbi ne bouge pas de l'endroit jusqu'à l'arrivée des policiers, auxquels il remet son arme et se livre. L'enterrement de l'ancien chef terroriste se transforme en exhibition de force d'anciens militants du parti dissous et d'ex-chefs terroristes de l'AIS et du GIA en liberté. Le 21 janvier 2004, le tribunal criminel de Guelma condamne Mohamed Gharbi à 20 ans de réclusion criminelle. Le procès se tient en présence de nombreux repentis. La veuve de l'ancien terroriste reconnaît, à l'audience, que son époux avait été doté par les services de sécurité d'une arme, d'un talkie-walkie et d'une voiture. Le patriote accueille avec sérénité le verdict contre lequel un pourvoi en cassation est introduit. Le 24 mars 2007, Gharbi est jugé une seconde fois. A la surprise générale et après une délibération qui n'a duré que 15 minutes, il est condamné à la perpétuité, sous les applaudissements des nombreux repentis ayant envahi la salle d'audience. Un deuxième pourvoi en cassation fait se tenir le procès une troisième fois. Comme les deux précédentes audiences, la présidente du tribunal criminel, Fatma Kaarar, se contente de quelques questions avant de se retirer pour une délibération d'à peine 30 minutes, à l'issue desquelles elle condamne l'accusé à la peine demandée par le parquet général, à savoir la condamnation à mort, sous les cris de « Allah Akbar » (Dieu est grand) des nombreux repentis présents dans la salle. Pourtant, cette peine, remarque-t-on, n'est prononcée par les tribunaux criminels algériens que par contumace, lorsque l'accusé est en fuite, étant donné que l'Algérie a demandé un moratoire pour l'application de la peine de mort. En dépit de ses 72 ans, aucune circonstance atténuante n'a été retenue au profit de ce patriote. Une pétition nationale a été signée par des centaines de milliers d'Algériens pour demander au premier magistrat du pays « de gracier le résistant », en précisant que « défendre Gharbi Mohamed ne veut en aucun cas dire défendre l'impunité. Nous ne devons pas laisser mourir ce patriote alors que des égorgeurs se promènent librement dans nos villes et villages ».