«Notre ville a perdu son charme d'antan», dit Rachid, un quinquagénaire habitant les Issers, à propos de sa localité située à 23 km à l'est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès et 65 km à l'ouest de la capitale. Elle tire son nom du mot berbère Ighzar. L'ancien village colonial fut créé en 1871 par le comte Gueydon. La situation géographique et les potentialités de développement de la ville devraient lui assurer un avenir prospère. Mais la cité s'est dégradée d'une manière remarquable ces dernières années. Les Isserois vivent dans des conditions lamentables et dans un cadre de vie dégradé. Les activités culturelles de la ville sont à l'arrêt. La fermeture de la maison de jeunes depuis 2003, suite aux dégâts enregistrés lors du séisme, n'est pas du goût de la population locale. Ce lieu, l'unique espace de rencontres et de loisirs, manque de moyens. A ce sujet, le P/APC des Issers nous confie : «L'actuelle maison de jeunes sera démolie incessamment». Un autre lieu de rencontres confronté aux aléas: le stade de la ville. Construit en 1923 par les colons, ce stade n'a pas connu, à ce jour, de travaux d'aménagement. Le P/APC indique qu'une étude est fin prête pour l'aménagement de ce stade, sans toutefois annoncer divulguer la somme qui lui a été allouée. Les habitants de la ville attendent avec impatience l'ouverture de la nouvelle salle Omnisports. «Tout le monde a attendu son ouverture avant les élections présidentielles, mais cela ne s'est pas produit», dit Amar. L'annonce de grands projets pour la ville a suscité de l'espoir chez les jeunes. Mais la réalité est amère. Lorsque rien ne se fait, c'est la déception totale. Nonobstant son importance, la salle de cinéma est dans un état lamentable. Elle est quasiment dégradée. De timides travaux de réhabilitation y ont été effectués, mais la salle peine à retrouver son image d'antan. Elle a été construite en 1930, à un moment où le monde croulait sous le poids d'une crise financière des plus graves. Aujourd'hui elle est abandonnée par une Algérie qui engrange des milliards de pétrodollars. Au niveau des quartiers de la ville, la dégradation est visible à tous les niveaux. Des espaces non aménagés, des ordures qui s'amoncellent partout, des travaux d'assainissement non finis, des routes non bitumées, et des bâtiments dégradés. Les habitants des Issers souffrent de l'absence d'espaces verts et de la dégradation de l'environnement. Des baraques sont érigées aux abords des ruelles, y compris les principales artères. Cela a défiguré la ville. Ainsi les constructions illicites envahissent la ville, poussent comme des champignons, notamment à Isserville, la cité FDH, les 104 Logements et cela au vu et au su des autorités locales. La ville est en outre dépourvue d'une bibliothèque communale et d'une salle de lecture ainsi que d'une crèche. Le P/APC dira à ce sujet : «Un projet de bibliothèque est en cours de finition et les travaux débuteront incessamment». Pour le coût du projet, il ajoute : «Une enveloppe de 19 millions de dinars a été dégagée». Pour la crèche «l'entreprise retenue est à pied d'œuvre depuis des semaines et le coût du projet est de 17 millions de dinars». Par ailleurs, le chômage lamine la frange juvénile. «Le taux de chômage dans notre commune est de 45%», dira le P/APC. Le travail saisonnier de la terre occupe de nombreux jeunes qui travaillent en été dans les champs de vigne qui se trouvent à la sortie-est de la ville, en se rendant vers Timezrit où vers le sud-est, à Chaâbet El Ameur sur la RN68. Il est prévu l'extension de la zone d'activité, mais aucune action concrète n'est faite pour l'instant. Sur une quinzaine de lots de terrains, cinq seulement sont exploités.