Quatorze communes sur un ensemble de 52 ont été touchées par ces feux, produit essentiellement par l'aggravation des conditions climatiques, marquées par une forte canicule et exacerbés par le vent. «Leur conjonction a favorisé la propagation des flammes et les éléments incandescents», ont expliqué les responsables locaux, précisant que la végétation ravagée était aussi composée de broussailles, de maquis et d'herbes sèches. Dans cette wilaya, les régions les plus touchées, Toudja et El Kseur, situées dans une même zone forestière de Bouhateme, ont perdu entre mercredi et samedi, quelque 580 ha de végétation et des dizaines de ruches. De même, les incendies qui se propageaient hier dans la wilaya de Blida et qui avaient détruit 583 ha de forêt, étaient en passe d'atteindre les monts de Chréa. Ce joyau écologique, notamment sa fameuse cédraie, étaient toujours, dans la journée d'hier, menacées par les flammes. Chréa en danger Un important incendie qui s'était déclaré hier à M'senou, dans la commune de Bouarfa, se propageait vers Chréa, une région réputée pour être une zone à haut risque pour les feux de forêt, qui constituent une «menace sérieuse pour la cédraie de Chréa et même pour les populations riveraines, s'il n'est pas maîtrisé à temps», a précisé la conservation des forêts locales. Cette dernière a fait également état de deux autres départs de feu à Hammam Melouane et Oued Djer, des zones fortement boisées et particulièrement vulnérables en raison de leur relief accidenté et de la combustibilité de la végétation. La wilaya de Blida a connu ces derniers jours un enchaînement d'incendies de forêt qui ont ravagé 650 ha de végétations dont 88 ha de forêt, selon un bilan provisoire de la Conservation des forêts de la wilaya. Perte sèche pour les agriculteurs Mais ce sinistre n'est pas uniquement environnemental, puisqu'il reviendra aussi très cher aux agriculteurs et fermiers algériens installés dans les régions incendiées. Ainsi, ces feux ont aussi détruit des champs de céréales, des arbres fruitiers, anéantissant du même coup des tonnes de récoltes. A Guelma, ce sont 93 ha de blé et d'orge sur pied, qui ont été brûlés ainsi que 34 q de blé moissonné et 1300 bottes de foin. Les apiculteurs eux aussi souffriront de ces ravages, des milliers de ruches localisées dans les massifs forestiers ont aussi disparu. La férocité des incendies qui ont ravagé le pays est «fortement favorisée par les conditions climatiques et les températures élevées enregistrées la semaine dernière», expliquent les autorités, Protection civile et direction des forêts. «Comparativement à la même période de l'année 2008, il avait été enregistré 436 foyers ayant parcouru une superficie totale de 2674 ha, dont 1199 en forêt au niveau de 36 wilayas», atteste le rapport dressé par la DGF. Depuis le 1er juin dernier, ce sont donc près de 10 282 ha, dont 4409 de forêt qui ont été la proie des flammes. Et ce bilan ne peut être que provisoire. Du bénévolat pour sauver nos forêts Car si tous ces incendies ont effectivement pour cause les grandes chaleurs, la canicule annoncée par les services météorologiques pour cette fin de semaine devrait grandement contribuer à alourdir ce désastre. «Vu la persistance des conditions météorologiques, un appel est lancé à la population pour plus de vigilance et d'apporter sa contribution sur le plan de la prévention et de l'intervention», indique la DGF. La vigilance citoyenne et le bénévolat pourront-ils à eux seuls préserver et sauver notre patrimoine forestier ? Car, même si, afin de venir à bout de ces incendies ravageurs, de «considérables moyens ont été engagés», reste qu'ils ne semblent pas être suffisants afin de mettre un terme à ces menaces. «Une colonne mobile, les secours combinés, intégrant les communes, les différentes unités de la Protection civile, la Conservation des forêts, beaucoup de riverains et de volontaires ont également prêté main-forte aux diverses opérations, notamment celles où le danger menaçait certains villages», énumère de nombreux responsables. Reste que ce désastre, cité dans la liste des catastrophes requérant une réelle gestion des autorités, n'a toujours pas nécessité le déclenchement du plan Orsec pour une prise en charge optimum.