Le Parti des travailleurs (PT) appelle à la tenue d'un débat national sur le processus de privatisation mis en œuvre par le gouvernement d'Ahmed Ouyahia. La secrétaire générale et porte-parole du PT, Louisa Hanoune, a indiqué, lors d'une conférence de presse tenue hier au Centre international de presse, que l'invitation s'adresse à toutes les composantes de la société, notamment le gouvernement, les partis politiques, les syndicats. « Nous sommes à un point de rupture : tout un pays est à vendre, tous les acquis de l'indépendance sont à vendre », a mis en garde Mme Hanoune, qui fonde ses appréhensions, entre autres, sur la liste des 1200 entreprises publiques proposées le 1er novembre 2004 à la privatisation par M. Ouyahia. Insistant sur la nécessité de préserver le secteur public, la secrétaire générale du PT s'est interrogée sur les raisons qui poussent les pouvoirs publics à vouloir mettre en vente des entreprises viables et rentables. « L'option économique dite de réformes est le produit de pressions extérieures qui sont exercées sur notre pays, imposant à l'Etat algérien de se désengager totalement de ses missions économiques et sociales, d'assurer le maximum de profit aux multinationales en mettant à leur disposition nos infrastructures, notre tissu industriel, nos ressources naturelles et financières, en réduisant le coût du travail, en supprimant les barrières douanières », a-t-elle estimé, tout en mettant en garde contre les dangers d'une probable ouverture du capital de Sonatrach. Pour étayer ses propos, Mme Hanoune a cité le cas de nombreux pays, plongés dans les guerres, où les plans d'ajustement structurel ont échoué, à l'exemple de la Somalie, le Congo démocratique, ou encore la Côte d'Ivoire. Précisant que l'économie de chaque pays est spécifique, elle a soutenu que, pour le cas de l'Algérie, la privatisation des entreprises et des services publics n'est pas un choix irréversible. « Il ne saurait y avoir de garantie de maintien des emplois et acquis existants dans des entreprises privatisées : Mital Steel (ex-ISPAT) et Henkel... citées comme exemple de partenariat réussi, et qui ont bénéficié des plus grandes largesses financières de la part de l'Etat algérien, ont-elles créé un seul poste d'emploi ? », s'est-elle interrogée, tout en rappelant que la première « génération » des réformes, qui a consisté en la dissolution de 1500 entreprises publiques, a entraîné la perte de 1,2 million d'emplois permanents. Mme Hanoune s'étonne que, au moment où les réserves de change ont avoisiné 43,2 milliards de dollars au 1er janvier 2005, le gouvernement annonce un programme de privatisation de 1200 entreprises publiques et la hausse du prix de plusieurs produits. Aussi, elle a dénoncé les atteintes répétitives au droit et à l'exercice syndicaux. « Des pressions contre tous ceux qui s'opposent aux privatisations », a-t-elle ajouté.