Quelle est l'importance du flamant rose en Algérie et à combien évalue-t-on sa population ? Le flamant rose Phoenicopterus roseus est une espèce emblématique, dont une métapopulation est distribuée entre les deux rives de la Méditerranée. Il est très fréquent dans les zones humides algériennes, surtout dans les Hauts- Plateaux et le Sahara. La présence du flamant rose dans un site nous offre une indication sur la richesse de ce lieu en matières nutritives, essentiellement les crustacés. Le fait d'observer un groupe de flamant en train d'errer, en parade ou en vol est une vraie fascination apportant un réconfort à l'observateur. La population de flamants roses en Algérie est en augmentation légère, elle est évaluée à près de 60 000 individus (personnellement je vois que ce chiffre est trop sous-estimé) ; elle aurait être le double ou le triple de cet effectif si tous les sites, là où ils se trouvent, étaient protégés et gardés. Quels risques encourent-ils ? C'est toujours l'être humain qui est derrière les massacres que subit la biodiversité dans nos zones humides et plus particulièrement la population de flamants roses. Le dérangement, la destruction des nids, le vol des œufs, le vandalisme, le braconnage, l'assèchement provoqué des sites et les travaux d'aménagement non raisonnés sont les principales menaces qui pèsent sur le devenir de cette espèce en Algérie. Notre équipe fait de son mieux pour la préservation et la protection de cette espèce dans les Hauts-Plateaux et le Sahara ; mais ces efforts restent limités vu le manque de moyens et le déficit d'intégration des structures technico-administratives dans cette tâche. Quelles solutions préconisez-vous pour le protéger ? La première solution est de protéger les biotopes humides en Algérie en appliquant les recommandations des différentes manifestations et conventions, nationales et internationales citant la protection de cette espèce ; en second lieu, il est recommandé de faire un suivi de la fluctuation des effectifs de cette espèce sur un court, un moyen et un long termes au niveau de toutes les zones humides algériennes. Les sites de reproduction doivent être protégés contre les braconnages et le vandalisme. Les encouragements effectifs seront d'une grande importance aux chercheurs pour accroître leurs efforts de recherche et d'investigations afin d'arriver à d'autres résultats plus intéressants. Avez-vous un message ? Quatre sites de reproduction sont connus en Algérie. Le succès était vécu au niveau de deux d'entre eux ; il y a eu même un baguage à Ezzemoul en 2006 et un autre à El-Goléa en 2009. Ceci représente un message précis et clair aux autorités compétentes pour se manifester dans le sens de la protection et de la conservation de cette espèce emblématique. Bouzid Abdelhakim : Enseignant-chercheur en ornithologie, département des sciences agronomiques à l'Université de Ouargla