Le destin restera implacable tant que les lois régissant les zones touristiques ne permettent que des investissements lourds qui n'aboutissent jamais, ce qui donc hypothèque un patrimoine riche, dont les autochtones ne peuvent malheureusement en tirer bénéfice. Que dire de ces communes du massif de Collo extrêmement gâtées par la nature, mais qui vivent dans une extrême pauvreté ? Le patrimoine touristique de la région de Collo est indéniablement riche pour transformer cette zone ouest de la wilaya de Skikda en un havre de paix et de villégiature qui ferait le bonheur des Algériens, qui vont chercher hors de leurs frontières ce qu'ils ont dans leur propre pays. Le littoral de la baie de Collo, dominé par un imposant massif forestier, est à lui seul un espace d'évasion qui mérite sa part des investissements touristiques que connaissent les autres régions du pays. Ce massif, qui a abrité de grands révolutionnaires depuis Jugurtha, est riche en Histoire, en vestiges et en atouts récréatifs. Nichés entre deux autres villes balnéaires, Skikda à l'est et Jijel à l'ouest, qui lui imposent une concurrence déloyale vu leurs statuts administratifs leur permettant de disposer du pouvoir de décision pour effectuer les investissement nécessaires, la région de Collo reste le parent pauvre de cette région, voire le goulot d'étranglement de tout le littoral de l'Est algérien. Les travaux de réhabilitation de la route touristique qui devrait relier Collo à Bougaroun, soit une vingtaine de kilomètres, la route de tous les espoirs pour des dizaines de milliers d'autochtones, est curieusement abandonnée depuis plus de 5 ans, au grand dam de la population. En effet, en dépit de sa situation géographique presque au centre du littoral de l'Est algérien, cette région reste le maillon faible des investissements touristiques en matière de constructions hôtelières, d'aménagements des plages et des routes, et d'équipements en commodités de base. Pourtant, des plages comme Tamanart, Taleza, Ben Zouit ou Oued Z'hor sont parmi les plus belles de la rive sud de la Méditerranée. Une dizaine d'autres plages ne sont toujours pas accessibles aux véhicules. Le massif de Collo, densément forestier, est riche en faune et flore et dispose du mont d'El Goufi dont le point culminant est de presque 1200 m, généralement enneigé durant la période hivernale, un autre atout de développement du tourisme de montagne et des activités hivernales. Le long de ce littoral qui, faut-il le rappeler, est épargné des pollutions diverses vu son éloignement des zones industrielles, on trouve plusieurs plages sauvages accessibles seulement à pied et qui sont des endroits féeriques. Regarder le littoral de Collo à partir de la mer est un vrai régal pour les yeux vu le nombre important des sites enchanteurs qui se succèdent jusqu'au frontières avec la wilaya de Jijel. Les campeurs peuvent y vivre des jours durant, en marge de la vie moderne en ne s'alimentant que de ce qu'offrent les montagnes et la mer. Au niveau de chaque petite plage sauvage, on trouve une source d'eau très fraîche. On trouve du bois pour faire un barbecue, de la silice pour le feu, du sel, toute une variété de végétation nutritive et bien sûr, une côte riche en produits de la mer, dont les moules, oursins et surtout le poisson blanc. Car le bassin s'étalant du cap Bougaroun à Tamanart est considéré comme le plus poissonneux de la wilaya de Skikda. A Tamanart, Bougaroun, Marsset Ezzitoun les pêcheurs amateurs cèdent le poisson blanc à 250 DA le kilo. A chaque fin de journée, les amateurs des produits de mer, particulièrement les campeurs, attendent les petits métiers de retour de pêche, et même des amateurs de la pêche sous-marine, pour remplir leurs couffins de poisson. Hélas, l'abandon de cette partie du littoral algérien et la misère des autochtones a favorisé l'implantation des groupes armés qui ont infesté les lieux durant les années 1990; depuis, cette région est considérée comme non sécurisée et donc non concernée par les investissements touristiques. Le site de Tamanart, de renommée mondiale est, hélas, toujours regardé comme une zone à risque pour les touristes. La région de Collo est donc réellement en jachère, voire sous scellés en attendant que le massif crache de nouveau sa colère.