L'Administration américaine continue de souffler le chaud et le froid sur les relations de Washington avec l'Iran et la Syrie. Dans son discours sur l'état de l'Union prononcé devant le Congrès, le président G. W. Bush a tenu des propos très durs à l'égard des régimes des mollahs appelant pratiquement les Iraniens à se révolter. « Vous qui voulez votre propre liberté, l'Amérique est à vos côtés », a déclaré le chef de la Maison-Blanche qui persiste à dire que l'Iran reste le principal Etat à soutenir le terrorisme. Tandis qu'à propos de la Syrie, il a tout simplement dit qu'il attendait de son gouvernement qu'il cesse tout soutien au terrorisme et ouvre la porte à la liberté. Peu de temps après le discours du président américain au niveau du département d'Etat, on s'est empressé de clarifier que les Etats-Unis n'envisageaient pas de changer de régime en Iran. Ce que la nouvelle secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice, qui au passage devrait songer à changer de coiffure, a aussitôt confirmé lors de sa visite en Grande-Bretagne où elle devait rencontrer le Premier ministre Tony Blair. Elle a néanmoins, au lendemain même du discours de Bush, fait monter d'un cran l'attaque verbale de Washington contre Téhéran en déclarant à Londres que la façon dont le régime islamique de Téhéran traitait sa population était « quelque chose d'exécrable ». « Je ne pense pas que quiconque estime que les mollahs, qui n'ont pas été élus et qui dirigent ce régime, sont une bonne chose tant pour le peuple iranien que pour la région », a-t-elle déclaré à des journalistes qui l'accompagnent dans sa tournée en Europe et au Proche-Orient. Elle s'est même risquée à affirmer que les alliés européens des Etats-Unis pensaient également la même chose. « La cause que nous défendons, c'est que le peuple iranien puisse avoir une chance de déterminer son propre avenir. Et à l'heure actuelle, sous ce régime, ils n'ont pas la possibilité de déterminer leur propre avenir », a estimé Mme Rice. L'Iran et le programme nucléaire qu'il est soupçonné de développer à des fins militaires occuperont sans doute une place de choix dans les discussions que Mme Rice aura au cours de sa tournée, qui précède un voyage en Europe du président Bush, plus tard en février. Elle doit rencontrer le Premier ministre et le secrétaire au Foreign Office de Grande-Bretagne et des hauts responsables d'Allemagne et de France, trois pays qui sont impliqués dans les efforts pour persuader les Iraniens de renoncer à leurs ambitions nucléaires présumées. « Les Iraniens savent ce qu'ils doivent faire. Ce n'est pas l'absence d'implication de quelqu'un qui empêche les Iraniens de savoir ce qu'ils ont à faire », a-t-elle déclaré aux journalistes. « Ils doivent respecter leurs obligations, ils doivent accepter les inspections de contrôle, ils doivent arrêter d'essayer de dissimuler leurs activités derrière un programme nucléaire civil », a-t-elle ajouté. Elle a précisé que les Etats-Unis « coordonnaient étroitement » leurs efforts sur cette question avec les Européens et évoqué « un consensus grandissant » avec la communauté internationale, y compris la Russie, sur le fait que les espoirs d'armement nucléaire de l'Iran devaient être contrôlés. Pour ce qui est de la Syrie accusée par Washington et en premier lieu par G. W. Bush de soutenir le terrorisme, plus précisément le mouvement chiite libanais et pro-iranien, Hezbollah, lequel continue de mener ses attaques contre Israël, il a rappelé que le Congrès avait adopté une loi permettant des sanctions contre la Syrie - le Syria Accountability Act - déjà appliquée en partie depuis l'an dernier, sans indiquer si des clauses supplémentaires de la loi allaient être mises en œuvre. Washington a toujours accusé Damas de permettre à des opposants irakiens d'utiliser le territoire syrien pour mener des actions contre l'Irak. En réalité, aussi bien dans le discours de Bush sur l'état de l'Union que dans la politique appliquée par son Administration, les objectifs réels et inavoués sont dictés par le souci de maintenir la supériorité stratégique d'Israël dans la région. D'ailleurs, Ariel Sharon l'avait clairement affirmé en juin dernier lors de la tournée du directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Egyptien Mohamed El Baradei, au Proche-Orient, à savoir que le danger pour Tel-Aviv venait précisément des prétentions nucléaires iraniennes et de sa volonté de développer des missiles qui mettraient les villes israéliennes à portée des mollahs de Téhéran.