Défiant les mises en garde du régime, des dizaines de milliers de partisans de l'opposition sont descendus, à Téhéran, hier matin dans la rue pour protester contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. La situation a rapidement dégénéré. Une figure de l'opposition, l'ex-président Mohammad Khatami, a été agressé physiquement, selon le site réformateur Parlemennews.ir. «Un groupe de conservateurs a attaqué Mohammad Khatami (…). Son turban est tombé et ils voulaient le battre. Mais des partisans (de M. Khatami) les en ont empêchés et la police antiémeute est intervenue.» Selon son frère, Mohammad Reza Khatami, il n'a pas été blessé et «est à la maison maintenant». Pour sa part, le chef de l'opposition, Mir Hossein Moussavi, arrivé dans sa voiture à la manifestation, a été hué aux cris de «Mort à Moussavi l'hypocrite» par des sympathisants du régime qui se sont ensuite jetés sur sa voiture, le forçant à quitter les lieux. Au milieu d'un imposant dispositif policier, des jeunes femmes et hommes portant des bracelets verts, couleur de la campagne électorale de M. Moussavi, se sont rassemblés dans différentes places de Téhéran, criant à la gloire de leur chef et appelant à la libération des détenus. Les partisans de l'opposition ont continué à scander «Mort au dictateur» et «Allahou Akbar» alors qu'ils se faisaient battre, selon les témoins. La police antiémeute, armée de matraques, est de son côté intervenue contre des manifestants qui lui lançaient des pierres. Ahmadinejad s'en prend à Israël Hors de Téhéran, des bassidjis, les membres de la milice islamique ont attaqué et battu des manifestants dans le nord et le centre du pays. La veille, les Gardiens de la révolution, le corps d'élite de la République islamique, avaient averti qu'ils réprimeraient toute manifestation contre le président iranien. Ce corps, avec les bassidjis, avait joué un important rôle dans la répression des manifestations de contestation qui avaient suivi la victoire de M. Ahmadinejad. A l'université de Téhéran, où se sont rassemblés les fidèles, M. Ahmadinejad s'en est de nouveau violemment pris à Israël, ennemi juré de l'Iran, qualifiant l'Holocauste de «mythe». Selon lui, «les jours de ce régime (israélien) sont comptés et il est sur le point de s'effondrer. Le régime est mourant». C'est la première fois depuis près de deux mois et demi que l'opposition a l'occasion de manifester. Son chef, le modéré Moussavi a été battu à la présidentielle du 12 juin et accuse les autorités de fraude électorale. Le défilé aura été sans aucun doute un pari réussi pour l'opposition réformatrice, les opposants ont bien fait comprendre au régime iranien qu'il devra désormais compter avec eux.