Le directeur général de la Caisse nationale de mutualité agricole, Arba Kamel, a plaidé hier pour la transformation de la CNMA-banque en un nouvel instrument appelé à gérer, à l'avenir, les fonds destinés à l'agriculture. Ce mécanisme, qui aurait pour nom « Crédit mutuel rural », est en phase de maturation et serait, d'après le directeur général de la CNMA, « le plus approprié et le plus adapté » aux difficultés liées au financement des activités agricoles. La filiale bancaire de la Caisse nationale de mutualité agricole, en instance de liquidation, « continuera à fonctionner jusqu'à la mise en place de ce nouvel instrument », précisera l'administrateur judiciaire, Maïdi Chaâbane, interrogé hier, en marge d'un atelier de travail destiné à parfaire le projet du Crédit mutuel rural. Ce mécanisme ne va pas hériter du passif lourd de la CNMA-banque, dira Arba Kamel. L'administrateur de la filiale bancaire de la Caisse nationale de mutualité agricole a souligné quant à lui que « les actifs de la banque CNMA ont été rééquilibrés grâce, d'abord, à l'effacement des dettes des agriculteurs ». Maïdi Chaâbane a estimé également que la « réhabilitation de cet instrument de financement qui existait déjà, mais qui n'a jamais fonctionné, suppose qu'il y ait un renforcement du dispositif de contrôle » afin d'assurer une traçabilité claire de destination des fonds. Le scandale de la liquidation de la CNMA-banque, deux années après sa création, plane toujours, chose qui a amené les responsables à plaider pour le « renforcement du contrôle des bénéficiaires et veiller au respect de la réglementation en vigueur ». Le directeur général de la CNMA a exigé aussi que les gestionnaires du Crédit mutuel rural soient nommés « sur la base d'un profil purement financier et comptable ». Et d'ajouter sur sa lancée que « l'erreur qui ne devrait pas être répétée est celle qui consiste à amalgamer la gestion d'un organisme financier avec les relations d'intérêt ou d'amitié que pourraient faire valoir le prétendant au crédit ». Le même responsable a d'ailleurs estimé que le double échec de la CNMA-banque et la société de leasing Salem, est l'effet de « créances qui se sont révélées contraires à la loi dans la mesure où elles résultent de relations d'affaires entre la banque et ses actionnaires ». La dérive a été aussi l'effet direct de « l'absence de l'expérience professionnelle chez le personnel affecté à ces deux établissements », reconnaît également le directeur général de la CNMA. Pour lui, ce double échec, notamment celui de la CNMA-banque, « doit nous servir d'exemple pour tirer les leçons et éviter à l'avenir de reproduire les mêmes erreurs ». La question qui mérite d'être posée est celle de savoir si le Crédit mutuel rural est en mesure de réussir avec les mêmes politiques et les mêmes hommes ? M. Arba a demandé aux instances en charge du secteur bancaire que ce nouvel instrument soit adossé à un fonds mutuel de garantie qui devra servir, selon l'orateur, à soulager l'endettement partiel ou total du débiteur. Le directeur général de la CNMA a demandé aussi aux responsables de la Banque d'Algérie de prendre en compte les spécificités du secteur agricole et d'assouplir les procédures d'accès aux crédits. C'est-à-dire que l'octroi des crédits aux agriculteurs ne doit pas obéir forcément aux règles prudentielles de la Banque d'Algérie.