La CNMA-Banque devrait se transformer, d'ici à la fin de l'année, en Crédit mutuel rural. C'est du moins ce qu'a laissé entendre M. Arba Kamel, directeur général de la CNMA, hier, lors de la première journée d'un atelier sur le Crédit mutuel rural en Algérie, organisé à l'hôtel Mazafran de Zéralda (Alger). Ce mécanisme, explique le directeur général de la CNMA, “est le plus approprié et le plus adapté au regard de l'environnement rural”. Comment réorganiser le système de financement de l'agriculture tenant compte des besoins du secteur basés, d'une part, sur le système mutualiste consacré par la loi d'orientation agricole et, d'autre part, sur la situation actuelle de la CNMA/Banque qui constitue en matière de ressources humaines, d'organisation et de fonctionnement, un acquis à préserver en dépit des sérieux problèmes générés par le non-remboursement des crédits accordés ? Les participants à l'atelier de trois jours sur le Crédit mutuel rural en Algérie se proposent d'apporter des réponses à cette question et suggérer une feuille de route devant permettre la mise en place du Crédit mutuel agricole en s'inspirant des expériences étrangères, notamment canadienne. Les pouvoirs publics sont plutôt favorables. Le secrétaire général du ministère de l'Agriculture estime que le système de financement classique est difficilement adaptable au secteur de l'agriculture où les risques sont importants, en raison des structures d'exploitation, généralement des petites exploitations ne présentant pas assez de garanties pour accéder à un prêt bancaire. L'expérience de la CNMA-Banque en est une preuve éclatante. Deux années après avoir été agréée par la Banque d'Algérie, CNMA-Banque s'est retrouvée, depuis septembre 2008, gérée par un administrateur provisoire. La banque a distribué énormément de crédits sans faire attention aux ressources disponibles. Cette situation a engendré un cumul de 19,4 milliards de dinars de créances que les adhérents de la CNMA-Banque n'arrivaient pas à rembourser, avant que le président de la République décide, récemment, d'effacer cette dette et celle due à la Banque de l'agriculture et de développement rural (Badr) et dont le total s'élève à 41 milliards de DA. “La CNMA-Banque n'a pu être à la hauteur des espoirs placés en elle, devenir au fil du temps un outil de financement de l'activité agricole”, regrette M. Arba Kamel. Du fait qu'elle a hérité à sa création d'un lourd portefeuille de crédits impayés de la CNMA mère, la CNMA-Banque s'est retrouvée avec un actif net négatif de 15 milliards de dinars, entraînant la nomination par la Banque d'Algérie d'un administrateur. Pour la société de leasing, en cours de liquidation, les pertes en cours sont aussi lourdes. Selon un rapport du ministère des Finances, les pertes sont estimées à près de 2 milliards de dinars de crédits leasing en raison du détournement de la destination des crédits, contraire à ses dispositions statutaires. D'où la décision prise par les pouvoirs publics de procéder à sa liquidation. Le directeur général de la CNMA estime que “le monde agricole et rural est un monde particulier. Avec une mentalité particulière et un fonctionnement qui lui sont propres et qui ne tiennent pas forcément compte des pratiques financières orthodoxes”. C'est pourquoi, plaide-t-il, les mécanismes de son financement doivent obéir à la mise en place d'un monde adapté et qui lui soit propre. “Les nombreuses doléances que nous recueillons lors de nos différentes sorties sur le terrain attestent de l'existence, chez les agriculteurs, d'une attente réelle de voir se mettre en place un autre mode de financement qui aurait pour nom le Crédit mutuel rural”, souligne M. Arba Kamel. D'autant que même la Badr est critiquée par les agriculteurs. Le directeur général de la CNMA est convaincu que la transformation de la CNMA-Banque en Crédit mutuel rural “est possible”. “Les caisses régionales de mutualité agricole et leurs bureaux locaux offrent cette logistique indispensable au démarrage de cet organisme”, soutient-il. CNMA-Banque passera ainsi d'une société par actions (SPA), dont l'assemblée générale est composée d'actionnaires majoritaires, à une mutuelle dont les membres sont des sociétaires égaux.