Dans le cadre de la restructuration de l'institution financière, ce seront les gestionnaires qui en feront les frais. Le problème de la Caisse nationale de mutualité agricole-Banque (Cnma-Banque) devrait connaître, très prochainement, son épilogue. Après avoir bénéficié de l'effacement de ses dettes, à hauteur de 19,4 milliards de dinars, la Caisse va faire appel à une expertise internationale afin de l'assister dans son projet de restructuration pour devenir un établissement de crédit mutuel rural d'ici à la fin 2009. C'est ce qu'a indiqué hier, Kamel Arba, le directeur général de la Cnma, dans un entretien accordé à l'APS. Le projet de création de cet établissement est en cours de discussions au sein d'un comité de réflexion installé en décembre 2008. L'établissement est composé des adhérents de la Cnma et des représentants des agriculteurs. «Nous poursuivons l'expertise nationale, mais on s'est dit pourquoi ne pas bénéficier des expériences des pays industrialisés, testées déjà dans des pays en développement et qui ont donné de bons résultats», estime Kamel Arba. A cet effet, la Caisse a reçu des experts de deux groupes mutuels, français et canadien, pour étudier, selon M.Arba, non seulement le projet de mise en place de cette nouvelle structure mais aussi les possibilités de coopération dans le domaine de l'organisation et de la formation. A l'avenir, «le crédit mutuel sera un espace de solidarité entre les agriculteurs», a souligné M.Arba. Le crédit mutuel gardera le même réseau et le même personnel de la Cnma-Banque qui sont estimés à 1200 emplois directs, «mais pas les mêmes gestionnaires», souligne M.Arba avant d'ajouter qu'«il nous faut des profils de banquiers pour éviter les erreurs du passé». Actuellement, la banque compte 62 caisses régionales et 340 locales et le nombre d'agriculteurs adhérents est estimé à près de 130.000. Ce nombre est très faible pour le responsable dont l' objectif est d'atteindre 500.000 personnes. Par rapport à la Cnma-Banque, le crédit mutuel rural sera constitué uniquement d'agriculteurs et d'opérateurs activant dans l'agro-industrie et l'agroalimentaire. «Le crédit mutuel rural va être construit à partir de la base, c'est-à-dire au niveau de la commune et de la daïra, et sera constitué uniquement d'agriculteurs et d'éleveurs en plus des agents qui gravitent autour de l'agriculture comme l'agro-industrie», a précisé M.Arba. La nouvelle mutuelle compte aussi intégrer les zones rurales en finançant des activités extra-agricoles qui touchent de près ou de loin les citoyens vivant dans ces zones comme la réalisation de commerces, des pharmacies, et ce, dans le cadre de la nouvelle politique du renouveau rural, a-t-il ajouté. Les initiateurs du projet proposent également la formation de comités de crédit au sein de la nouvelle mutualité, qui seront constitués d'agriculteurs élus à qui reviendra la décision d'octroyer ou non des crédits et de récupérer les remboursements des prêts. Concernant le financement de ces activités agricoles et rurales, M.Arba a indiqué que le crédit mutuel sera complété par la Badr, qui prendra en charge les gros projets d'investissements. Et sur le plan financier, le crédit mutuel, qui est un établissement à but non lucratif, pratiquera des taux d'intérêt déterminés en référence au taux directeur fixé par la Banque d'Algérie. Selon ce responsable, «le crédit mutuel n'a pas le droit de faire de bénéfices, mais en fin d'année, l'argent sera redistribué sous forme de ristournes, suivant le montant de la participation de chacun au niveau de la coopérative».