L'extradition de l'ancien magnat algérien, Abdelmoumène Khalifa, est désormais possible. La Grande-Bretagne, où il s'est réfugié en 2003, a accepté, jeudi dernier, de le remettre à l'Algérie. Le premier responsable de la plus grande escroquerie qu'a connu le pays n'a devant lui que quelques mois avant de se retrouver entre les mains de la justice algérienne. Il dispose, bien sûr, d'un droit de recours, et son avocate a décidé d'interjeter appel. C'est sa dernière cartouche ! Dans le cas où l'autorité de justice britannique, la Chambre des Lords, confirme la décision du tribunal de Londres, l'ancien golden boy répondra de ses actes devant un tribunal algérien. En effet, il aura droit, conformément aux lois de la République et aux assurances données par l'Algérie à la justice anglaise, à un nouveau procès. « Un procès équitable », assure le ministère de la Justice. Comment sera-t-il organisé ? Le procès qui s'est déroulé en 2007, au tribunal de Blida, sera-t-il annulé ? Ce nouveau procès révélera-t-il les profondeurs de cette affaire qui n'a pas encore livré tous ses secrets ? Selon maître Miloud Brahimi, le verdict prononcé par le tribunal de Blida concernant l'affaire Khalifa sera annulé si le premier responsable de l'affaire était extradé. « Dans le cadre d'un nouveau procès, tout sera rejugé et le principal accusé sera considéré innocent jusqu'à sa condamnation par la justice », a-t-il déclaré, précisant que la présomption d'innocence est consacrée par la Constitution. Le juge, a-t-il ajouté, est appelé à rejuger toute l'affaire, sous toutes ses facettes, en prenant en considération l'arrêt de la chambre d'accusation. Ainsi, ce n'est pas uniquement le patron de l'empire Khalifa qui sera appelé à la barre. « Les témoins et les personnes déjà condamnées pour leur implication dans l'affaire seront rappelés. Ils seront auditionnés à nouveau par le juge », précise notre interlocuteur. Dans ce sens, les ministres et anciens ministres, les cadres de la nation ainsi que les responsables ayant une relation avec l'affaire défileront tous devant le tribunal. Ce nouveau procès sera-t-il une occasion de faire de nouvelles révélations ? D'autres dignitaires du régime impliqués dans cette affaire et qui ont permis à un tel scandale d'arriver seront-ils condamnés ? Ce sont, entre autres, des questions que se posent aujourd'hui les Algériens. Mais les réponses ne seront données qu'une fois Abdelmoumène Khalifa renvoyé en Algérie et présenté devant le juge. Cela ne devra pas être possible de sitôt. « L'examen de l'appel interjeté par la défense de Khalifa va prendre beaucoup de temps. La décision finale ne sera pas prise, en tout cas, durant l'année en cours », souligne Me Brahimi. Et la question des personnes condamnées par contumace pour leur implication directe dans cette banqueroute frauduleuse ? Ces derniers, explique encore notre interlocuteur, ne seront rejugés qu'une fois capturés. Donc le verdict rendu par le tribunal de Blida en 2007 à leur encontre sera maintenu. L'épouse de Abdelmoumène Khalifa, Nadia Amiro,uchène, son oncle Ghazi Kebbache et Mohammed Nanouche (tous deux cadres du groupe Khalifa), dont l'extradition de France n'a pas été obtenue par l'Algérie, ne seront pas concernés par cet éventuel procès, sauf s'ils se rendent à la justice algérienne. Ce qui est peu probable. Les frères Keramane Abdenour (ex-ministre de l'Industrie) et Abdelwahab (ancien gouverneur de la Banque d'Algérie) qui se trouvent actuellement en France et qui ont rejeté les accusations portés à leur encontre, ne seront pas rejugés non plus.