Les fumeurs ayant enregistré une consommation importante de tabac, conservent un risque de cancer bronchique même après 30 ans d'arrêt. Dans le cadre des activités de l'association El Fedjr d'aide aux cancéreux, une journée nationale sur la relation entre le tabagisme et le cancer a été organisée, jeudi dernier, à la salle de la maison des jeunes Rachid Bounab de Jijel, en présence de représentants d'association venus de diverses wilayas, entre autres la présidente de l'association nationale, Amel. Les communications des spécialistes présents ont été fort instructives sur les méfaits du tabagisme, qualifié de fléau des temps modernes. Lors de cette rencontre, le Dr Bellal, pneumo-phtisiologue, a révélé que le tabac tue plus de 13 000 personnes chaque jour dans le monde et qu'il est responsable, en Algérie, de 15 000 décès par an, dont 4 000 du cancer du poumon, 7 000 d'infarctus du myocarde (IDM) et 2 000 d'insuffisance respiratoire. L'intervenant reviendra sur la composition de la fumée de cigarette qui contient plus de 4 000 substances, dont la fameuse nicotine qui atteint le cerveau en l'espace de seulement 8 secondes. Première cause de mortalité chez l'homme, le cancer bronchique est une maladie grave dont la survie de cinq ans est inférieure à 15%. Pour l'orateur, la survenue du cancer bronchique est corrélée avec la consommation cumulée du tabac, la durée du tabagisme, mais aussi l'âge auquel débute ce dernier. Les fumeurs ayant enregistré une consommation importante de tabac, conservent un risque de cancer bronchique même après 30 ans d'arrêt. Si le tabac est incriminé dans 90 à 95% des cas de cancer bronchique, il reste aussi responsable, dans 50 à 70% des cas, des cancers de la sphère ORL (oto-rhino-laryngologie), de 40% des cancers du pancréas et de 25 à 60% des cancers de la vessie. Outre les cancers, le tabac est aussi le deuxième facteur de risque pour les IDM, à l'origine des anomalies lipidiques. Les accidents vasculaires cérébraux (AVC), mais aussi l'artérite des membres inférieurs, les anévrismes et l'hypertension artérielle, selon le communicant, sont également liés en partie au tabac. L'action de ce dernier sur les vaisseaux se fait par la facilitation de l'atteinte de la paroi, des spasmes artériels et des phénomènes de thrombose. Les candidats à l'arrêt de la consommation de tabac sont assurés de certains bienfaits. Ainsi, après 48 heures de sevrage tabagique, le goût et l'odorat s'améliorent alors que dans les 3 à 9 mois, la toux et respiration sifflante diminuent. Dans les 10 ans, le risque de survenue d'un cancer du poumon diminue de moitié par rapport à celui du fumeur. Pour sa part, Lakhdar Amrane, psychologue clinicien principal à l'EHS de Oued Athmania, a, d'une manière très intéressante, abordé le cas de cet ennemi intérieur à travers une approche cognitive comportementale. Caricaturant ce « comportement complexe que la seule toxicomanie ne saurait expliquer », il usera de métaphores bien ancrées dans la culture locale pour expliquer cette association de sensations gustatives, olfactives, tactiles et d'identification formant un ensemble « plus fort que la mort », qui pousse à commencer à fumer et à continuer à le faire. Au bout du compte, « Qui fume qui ? Le sujet ? La cigarette ? Ou les deux se font fumer ? » s'interroge l'orateur, avant de conclure que devant une situation si complexe, seule la prévention d'une telle relation, tellement nocive, demeure notre arme. Le Dr Nacéra Benoumechiara, sénologue au centre Pierre et Marie Curie d'Alger (CPMC), révèlera que 900 nouveaux cas de cancer du sein sont opérés chaque année au CPMC.