Situation n La pénurie des médicaments au sein des établissements hospitaliers aggrave la situation des personnes atteintes du cancer du poumon. Outre ce manque, le coût des soins est parfois exorbitant. Cela impose une approche globale du problème et exige une pluridisciplinarité des compétences et des moyens technologiques de pointe dans l'accès aux soins. Ce sont là notamment les problèmes soulevés par les médecins généralistes lors de la 10e journée d'information sur le cancer du poumon et le tabac, organisée jeudi par l'association El-Fedjr à l'hôtel El-Djazaïr. Par ailleurs, il a été relevé que les statistiques sur la maladie font défaut, ce qui ne peut qu'entraver la mise en œuvre d'un programme national de lutte contre cette pathologie. Prenant la parole, la présidente de l'association, Mimi Rabehi, a souligné qu'il faut impérativement réduire l'incidence du cancer par la mise en œuvre systématique et équitable d'une stratégie de prévention. Pour ce faire, elle a lancé un appel pressant aux pouvoirs publics afin que tous les moyens matériels, financiers, organisationnels et juridiques soient mis à profit. Pour sa part, le docteur F. Iddi a indiqué que 29 089 cas de cancer ont été diagnostiqués et traités en Algérie en 2002 dont 1 681 cancers des bronches chez l'homme, ce qui le place en 1re position. En 2008, l'incidence des cancers bronchiques est de 3 500 nouveaux cas par an, 90% des cas sont des fumeurs. Sur 100 nouveaux cas diagnostiqués, 80 trouvent la mort dans les cinq années qui suivent. Le cancer du poumon atteint les personnes d'une moyenne d'âge située entre 45 et 60 ans. Concernant les facteurs de risque, il a été relevé que «9 cancers sur 10 sont dus au tabac». A ce propos, le professeur H. Aouichet, de l'hôpital central de l'armée, a souligné que 62,1% des Algériens sont des fumeurs, ils consomment au moins 3 cigarettes par jour, précisant que le tabac tue 3 fois plus que l'alcool et 17 fois plus que les autres drogues. Il s'avère toutefois que le tabagisme est considéré comme une maladie chronique avec association de trois types de dépendance, physique, psychologique et comportementale. La cigarette contient une dose importante de nicotine, néfaste pour la santé, et plus on fume, plus le risque augmente. Selon le professeur Aouichet, il faut faire agir toutes les parties concernées, à savoir les secteurs de la santé et de l'éducation ainsi que la société civile ; afin d'inciter ces sujets à arrêter de fumer et d'éviter le tabagisme passif. Pour cela, elle préconise un accompagnement du malade et de sa famille. «Du point de vue des professionnels de la santé, il faut généraliser le conseil minimal qui doit se faire par les médecins, les infirmiers, les psychologues.» L'intervenante rappelle enfin que parmi les facteurs de risque de cancer figure le tabac à 85%, la pollution atmosphérique, domestique, la nutrition, ainsi que le facteur génétique. 11% des élèves fument plus d'un paquet par jour l Selon une enquête sur le tabac parmi les collégiens d'Alger, il a été enregistré que 11% des élèves fument plus d'un paquet par jour alors que 26% ont commencé à fumer avant l'âge de 10 ans. Où est le rôle des pouvoirs publics ? Pourtant, la loi interdisant ce fléau existe, mais malheureusement elle n'est pas appliquée. Ce sont les principaux points soulevés par les médecins généralistes lors du débat. Le professeur Djamel Gueddoum, médecin à l'Etablissement publique de santé de proximité (Epsp) de Draria, recommande une plus grande sensibilisation des jeunes écoliers. La santé scolaire a toute sa place dans cette action, estime-t-il. De plus, dira-t-il, il faut agir sur le principal facteur de risque, insistant sur la prise en charge au niveau des unités de soins de proximité par l'introduction de consultation d'aide au sevrage tabagique.