Que l'on réside dans les zones rurales enclavées ou dans les agglomérations urbaines, les risques d'intoxications alimentaires sont les mêmes si des précautions ne sont pas prises à temps pour s'en prémunir. À Ain Defla, afin de sensibiliser la population, la radio locale diffuse en boucle des spots de la direction de la santé et de la population qui recommande la plus grande prudence, s'agissant de la consommation des produits alimentaires, tout en rappelant les gestes simples à observer pour éviter le pire. Sur le terrain, la situation interpelle tout un chacun, mais, avec la canicule, c'est la paresse et le laisser-aller qui l'emportent. Ainsi, une virée dans les endroits les plus fréquentés du chef-lieu de wilaya ou à Khemis Miliana permet de constater que la situation laisse à désirer et les risques sur la santé du consommateur sont multiples et apparents. En cette période estivale, jeunes et adultes profitent de l'occasion pour se faire un petit pécule en vendant, au niveau des gares routières ou du marché, jus de fruits, m'hadjeb, glaces et bouteilles d'eau minérale dans un décor insalubre maintes fois décrié. Par ailleurs, la vente de poisson et de pain se fait aux abords des routes à grande circulation, aggravant ainsi les risques de contamination par les rejets émanants des véhicules et camions de gros tonnages. En outre, la vente du poulet et son abattage sur place demeurent une activité privilégiée en raison de l'engouement de la population pour ce produit et pour son prix abordable. L'informel se refait donc une bonne santé et de nombreux clients n'ont que l'embarras du choix. Souvent, nous confient des citoyennes, ces dernières atterrissent dans les cabinets de dermatologie ou chez les herboristes pour avoir acheté des produits cosmétiques non conformes. Autres produits prisés sur le marché informel, ceux vendus au rayon alimentation, tels que les biscuits et les gaufrettes souvent exposés à côté des détergents. Aussi, le commerce informel a encouragé toutes sortes de dépassements, enregistrés même auprès des commerçants formels. Ces derniers évoquent les charges fiscales trop élevées pour justifier des comportements préjudiciables à la santé du consommateur. L'un d'eux fera remarquer que des commerçants agréés ferment boutique pour rejoindre le circuit informel, afin d'échapper au fisc. Selon des témoignages des gens de la profession, des bouchers peu scrupuleux ont recours à de petites astuces pour tromper le consommateur naïf en installant dans leurs vitrines un système d'éclairage qui diffuse une lumière rose pour faire croire que la viande est fraîche. D'autres, activant dans le segment de l'alimentation générale, débranchent simplement la prise de leur frigo, afin d'alléger la facture d'électricité, faisant fi des risques qu'ils font courir à leurs clients. Dans ce sillage, signalons que plusieurs personnes ont été intoxiquées la semaine écoulée en consommant des petits pois recongelés. A noter que la rupture de la chaîne de froid, par ignorance ou par souci d'économie, constitue un facteur d'intoxication majeur. La liste des dangers qui guettent le consommateur non-averti est longue, particulièrement en cette période, notamment au niveau des cafés, gargotes et fast-foods. Selon des citoyens interrogés, le comportement de certains commerçants s'apparente tout simplement à du mépris pour les clients. Ces derniers sont souvent passifs et acceptent ce genre de situation pour des raisons multiples, disent nos interlocuteurs en s'interrogeant sur le rôle des inspecteurs en charge du contrôle. Sinon, comment expliquer que des activités importantes exercées en plein jour n'attirent pas les agents contrôleurs, a encore indiqué un citoyen, faisant allusion à ces rôtisseurs qui squattent les trottoirs sur lesquels se déversent charbon et cendres, causant des désagréments aux passants et riverains à Khemis Miliana. En outre, ces commerces se trouvent à proximité des caniveaux remplis d'eau noirâtre et nauséabonde. Cela étant, selon M. Maharzi, responsable au niveau de la direction du commerce, les inspecteurs contrôleurs se déploient conformément à leur mission, mais les infractions en tous genres ont augmenté de 10% au premier semestre de l'année en cours par rapport à la même période de l'année écoulée. La même source a indiqué que les agents contrôleurs ont effectué durant la période considérée plus de 3800 interventions et enregistré 25 000 infractions. Par ailleurs, il est fait état de 1980 procès-verbaux dressés, alors que 100 fermetures de locaux ont été proposées durant la même période. Quant à la valeur des produits saisis, elle s'élève à 80 millions de centimes. Le responsable du service contrôle et qualité fera savoir, en outre, que le chiffre d'affaires dissimulé a atteint 248 815,35 DA. L'amélioration de la situation dépend de l'acquisition des marchés de proximité et de la prise de conscience du consommateur, selon le même responsable. En attendant, la vigilance s'impose pour ne pas gâcher cette période de vacances.