Les compagnies aériennes, dont Air Algérie, sont tenues de préparer un plan de surveillance de leurs émissions de CO2 et de leurs tonnes/kilomètre transporté pour tous les vols desservant l'Union européenne avant le 31 août 2009 et le transmettre à l'autorité européenne désignée qui va l'approuver vers octobre ou novembre de cette année et à partir du 1er janvier 2010, elles auront une obligation de suivre leurs émissions de CO2 par vols et tonnes kilomètre transporté. Ces mesures contenues dans une directive de l'Union européenne ont été dénoncées hier par Abdelwahid Bouabdallah, PDG d'Air Algérie, lors d'un séminaire sur le réchauffement climatique, le marché mondial du carbone et l'inclusion du secteur aérien dans le marché européen du carbone. « Il est clair qu'il y a des arrière-pensées dans cette démarche. On nous impose des choses illégales : on est obligés de nous soumettre sinon on n'aura plus le droit de voler dans l'espace aérien européen. C'est le pot de fer contre le pot de terre. Ce qui nous reste à faire, c'est d'organiser une protestation au niveau arabe et africain. » Cependant, le PDG d'Air Algérie ne se fait pas beaucoup d'illusions. La marge de manœuvre est réduite d'autant plus que le gisement de la compagnie, c'est la France. Sur les 38 escales qu'elle assure, 21 se font en Europe, dont 11 en France. Les parts de marché vers la France sont de 52 %. Il a affirmé : « Heureusement que nous avons arrêté les anciens avions, c'est une bonne mesure. La flotte est totalement renouvelée. De plus, les 11 avions commandés pour la renforcer auront beaucoup d'avantages en matière de réduction de gaz à effet de serre. La compagnie a déposé au niveau du gouvernement l'évaluation des offres du point de vue performances et prix et il appartient au gouvernement de statuer. Les entreprises en compétition sont Airbus et Boeing pour les 150 places et Bombardier et ATR sur les 70 places. » Air Algérie se prépare ainsi à cette échéance qui pose toutefois un problème politique et juridique. Cette initiative unilatérale européenne est contraire aux principes généraux du droit international et à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et surtout au protocole de Kyoto qui fait la différence jusqu'à 2012 entre les pays développés qui sont engagés dans la réduction de CO2 et les pays en voie de développement. Le secteur aérien des pays en développement se trouve ainsi face à une contrainte majeure. Historiquement, le protocole de Kyoto visait la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), mais aucune mesure n'avait été prise pour le secteur de l'aviation. Or, de 1990 à nos jours, les émissions de GES de l'aviation civile ont augmenté de 90%. Tous les vols au départ et à l'arrivée des aéroports européens devront acquérir des permis de CO2 conformément au système de plafonnement des émissions de la nouvelle directive.