Il a été exigé de l'Algérie d'acheter des quotas du marché mondial du carbone afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les compagnies aériennes mondiales se livrent une bataille concurrentielle sans merci, incitées et encouragées par leurs gouvernements. Ces mêmes gouvernements redoublent d'ingéniosité pour trouver de nouveaux dispositifs à même de garantir le développement du secteur aérien touché de plein fouet par la crise financière. Et il faut dire que l'Union européenne a excellé en la matière en «obligeant» l'Algérie au même titre que ses voisins nord-africains à acheter des quotas sur le marché mondial du carbone afin de réduire annuellement de 15% ses émissions de gaz à effet de serre à compter de 2012. Selon Sofiane Aït Abdelmalek, assistant du président-directeur général de la compagnie aérienne nationale, Air Algérie a reçu au mois de janvier dernier des instructions émanant de l'UE, indiquant qu'«à partir du 1er janvier 2012 toutes les compagnies aériennes desservant les pays de l'UE doivent acheter des quotas du marché mondial du carbone afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre». Une bien noble cause à première vue. Toutefois cette décision est injuste selon notre interlocuteur, puisque l'Algérie, pays en plein développement, n'est pas concernée par la question de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. «C'est une décision qui viole les principes du traité de Kyoto et de la Convention cadre des Nations unies (...) elle ne fait aucune différence entre les pays en voie de développement et les pays développés», a-t-il expliqué en marge d'un séminaire organisé par Air Algérie sur le thème du réchauffement climatique. Avant d'ajouter que «cette décision est une décision injuste, prise de manière unilatérale, et en violation avec la loi internationale en vigueur». Dans le cas où cette instruction n'est pas appliquée, des mesures répressives et des sanctions seront entreprises par tous les Etats membres de l'UE, a-t-il souligné. L'interdiction d'exploitation sur le sol européen, la saisie et la vente aux enchères d'aéronefs, figurent, entre autres, parmi ces mesures. «Cette instruction a été véhiculée dans tous les Etats de l'UE et sera intégrée dans le règlement interne de chaque Etat de l'UE», a-t-il expliqué. Et Aït-Abdelmalek d'affirmer que cette décision est «purement politique et juridique», avant de laisser entendre que la décision de s'y plier ou pas sera prise au plus haut niveau de décision. «C'est une question politique et je pense qu'elle sera résolue de manière politique», a-t-il déclaré. Concernant les motivations entourant une telle mesure, M.Aït Abdelmalek a affirmé que «cette initiative européenne est purement commerciale (...) c'est pour gagner toujours plus d'argent». Par ailleurs, et donnant davantage de détails sur cette dernière, M.Aït Abdelmalek a indiqué: «Au mois d'octobre 2008, l'Assemblée et le Parlement européens l'ont adoptée, elle a été publiée en janvier 2009 et transmise au mois de février, (...) elle sera applicable en janvier 2012». Il a également souligné qu'avant cette application, les Etats concernés par cette dernière «ont l'obligation de suivre et faire le reporting de ces émissions de CO2 et de gaz». A partir de là, ils élaboreront un «plan de surveillance» qu'ils devront transmettre au mois d'août prochain à la Dgas française et le ministère de l'Environnement français, dans le cas de l'Algérie pour approbation. C'est sur cette base que seront calculés les quotas que devra prendre chaque pays.