La Cour pénale internationale (CPI) annoncera demain si elle lance ou non un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar El Bechir, accusé de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide au Darfour par le procureur. La décision de la CPI sera rendue publique à 14H00 locales (13H00 GMT), lors d'une conférence de presse de la greffière de la Cour Sylvana Arbia et de la porte-parole Laurence Blairon dans les locaux du tribunal à La Haye. Si la CPI acceptait la requête du procureur, il s'agirait du premier mandat d'arrêt contre un chef d'Etat lancé par la CPI, en fonction depuis 2002. Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo avait demandé le 14 juillet 2008 aux juges de la CPI d'émettre un mandat d'arrêt contre Omar El Bechir, 65 ans, à la tête du plus grand pays d'Afrique depuis 1989. Selon l'ONU, la guerre civile au Darfour, une région de l'ouest du Soudan, a fait depuis 2003 plus de 300.000 morts et entraîné le déplacement de 2,2 millions de personnes. Khartoum affirme que le conflit n'a fait que 10.000 morts. Dans sa requête à la Cour, le procureur avait estimé qu'Omar El Bechir est pénalement responsable du crime de génocide des ethnies four, masalit et zaghawa. «M. el-Bechir a, de façon spécifique et à dessein, pris pour cible des civils qui ne prenaient part à aucun conflit, dans l'intention de les détruire, en tant que groupe», avait affirmé le procureur. Il accuse également Omar El Bechir d'être responsable de meurtres, extermination, transfert forcé de population, torture et viols constitutifs de crimes contre l'humanité ainsi que de pillages et d'attaques, des crimes de guerre. Le procureur de la CPI, seul tribunal permanent compétent pour juger des crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide, enquête depuis 2005 sur le Darfour en vertu d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Le Soudan, soutenu par les pays arabes et africains, s'est efforcé de convaincre le Conseil de sécurité de l'ONU de suspendre pour une période d'un an renouvelable toute procédure contre le président Bechir. En mai 2007, des mandats d'arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité avaient été émis par la CPI contre le ministre soudanais des Affaires humanitaires Ahmed Haroun et le chef de milice pro-gouvernementale janjawid Ali Kosheib. Mais Omar El Bechir a toujours refusé de les extrader. Le procureur avait demandé par ailleurs le 20 novembre 2008 des mandats d'arrêt pour crimes de guerre contre trois commandants rebelles du Darfour. Il les accuse d'avoir dirigé une attaque au cours de laquelle 12 soldats de maintien de la paix de l'Union africaine (UA) avaient été tués, le 29 septembre 2007, à Haskanita. Les juges n'ont pas encore rendu leur décision. Le chef du principal mouvement de rébellion soudanais a estimé qu'un mandat d'arrêt de la CPI contre Omar El Bechir signifierait «la fin de sa légitimité» à diriger le pays, dans un entretien publié le 24 février par le Times de Londres. La CPI ne dispose d'aucune force de police propre et dépend de la volonté des Etats pour l'exécution des mandats d'arrêt.