Paris : De notre bureau Chargé de l'enquête, ce dernier avait transmis, en août dernier, trois demandes aux ministères de la Défense, de l'Intérieur et des Affaires étrangères afin d'obtenir toutes les pièces et tous les documents dont ces trois institutions avaient été destinataires au moment des faits. C'est déjà fait pour le département des AE. En attendant le reste. Mise en veilleuse pendant de longues années, l'affaire a été relancée le 25 juin 2009 suite à la déposition faite devant le même juge par le général François Buchwalter, attaché de défense à l'ambassade de France à Alger entre 1995 et 1998. Astreint à un devoir de réserve, cet ancien officier de la DGSE (Direction générale de la surveillance extérieure), le contre-espionnage français, a finalement accepté de soulager sa conscience. El Watan Week-end a pu consulter cette déposition. Voici ce qu'il en ressort * – Opérations de recherches pour retrouver les moines «Oui. Dans ce sens, j'ai souvent demandé et obtenu des entrevues dans le but de faire passer le message que, de notre point de vue, rien ne devrait être entrepris sur le plan militaire qui puisse mettre en danger la vie des moins. J'ai fait passer ce message avec insistance. Mes entrevues ont eu lieu avec le Général Saci et dans un cas avec le Général Fodhil Cherif. Je voyais ce dernier à titre privé, mais j'ai eu aussi une entrevue à titre officiel avec lui.» – Rondot et Smaïn Lamari «Pendant la période de recherche des moines, pas grand-chose (Buchwalter explique qu'il n'a pas obtenu d'information sur les trappistes, ndlr). C'est la période où Rondot est effectivement arrivé. Il passait ses journées chez Smaïn Lamari, numéro deux des services algériens, qu'on avait connu par le passé.» – L'annonce de la mort des moines «Par le communiqué du GIA, je crois le 21 mai. En fait, il y a eu deux versions de ce communiqué 44. J'ai eu la première version je crois par un journaliste. J'ai donné cet exemplaire à un islamologue, M. Ferrandji. Il m'a dit que mes islamistes n'étaient pas doués, car il y avait une erreur dans le verset cité du Coran. Puis, une deuxième version de ce communiqué, corrigé, sans l'erreur de référence du verset du Coran, est arrivée par le canal habituel. C'est-à-dire qu'il a été envoyé à la station Medi-1 à Tanger, qui recevait habituellement les communiqués et les répercutait sur la presse.» – La mort des moines «Je pense que l'on arrive à la raison de ma demande d'audition. C'est difficile pour moi, car c'est une chose dont on m'a demandé de ne pas parler. J'en ai parlé avec père Veilleux, à Msg Teissier et à l'ambassadeur. Pour que vous compreniez, j'ai eu des liens d'amitié avec divers officiers algériens qui avaient fait leur formation à Saint-Cyr et c'est ainsi que j'ai connu une personne dont je préfère ne pas vous dire le nom, car il est possible que son frère soit encore en Algérie. Cette personne avait donc fait une carrière d'officier puis il était devenu chef d'entreprise en Algérie. Il exploitait une maison de cars et je le voyais souvent. C'est un ami. Quelques jours après les obsèques des moines, il m'a fait part d'une confidence de son frère. Son frère commandait l'une des deux escadrilles d'hélicoptères affectées à la 1er Région militaire dont le siège est à Blida. Son frère pilotait l'un des deux hélicoptères lors d'une mission dans l'Atlas blidéen, entre Blida et Médéa. C'était une zone vidée et les hélicoptères ont donc tiré sur un bivouac. Comme cette zone était vidée, ça ne pouvait être qu'un groupe armé. Ils ont donc tiré sur le bivouac. Ils se sont ensuite posés, ce qui était assez courageux car il y aurait pu avoir des survivants. Ils ont pris des risques. Une fois posé, ils ont découvert qu'ils avaient tiré notamment sur les moines. Les corps des moines étaient criblés de balles. Ils ont prévenu par radio le CTRI de Blida.» – * Les intertitres sont de la rédaction