Dans l'écrin luxueux de Monaco, le Tour de France débutera la 96e édition qui multiplie les retours, en priorité ceux de l'Espagnol Alberto Contador, favori logique, et de la star américaine, Lance Armstrong. Un an après une course ternie par de nouvelles affaires de dopage et leur cortège de suspicion, la plus grande épreuve du monde démarre dans une autre ambiance. Cossue, apaisée en apparence depuis que ses organisateurs (ASO) ont fait la paix avec le pouvoir sportif international (UCI) et que le front antidopage parle d'une seule voix. Mais aussi frémissante et prête à s'enflammer, à tout le moins au plan sportif. En douze mois, le changement a touché ASO. Ses deux premiers dirigeants, Patrice Clerc et Gilbert Ysern, ont été révoqués. La ligne officielle, incarnée par le directeur du Tour, Christian Prudhomme, est restée cependant la même sur l'éthique. C'est la seule issue pour restaurer une crédibilité mise à mal depuis que la tempête Festina (1998) a provoqué un tsunami dans le cyclisme et dans le monde sportif. A lui seul, Armstrong cristallise les ambiguïtés de son sport. Le Texan, vainqueur dès 1999, est devenu un mythe qui exerce une indéniable fascination à en juger par la déferlante médiatique qui l'accompagne depuis son retour à la compétition début janvier. Près de quatre ans après avoir quitté le Tour sur un septième succès de rang -le record de l'histoire-, le voilà de retour. Mais, pour lui, tout a changé alors qu'il approche de son 38e anniversaire. « Je ne dois pas nécessairement gagner, j'ai déjà prouvé que j'étais un grand coureur », a estimé l'Américain dans une interview au journal du groupe organisateur L'Equipe. « Sur un plan personnel, je serais content si j'étais dans le top 3 ou le top 5. » Si le peloton des 180 coureurs compte quatre anciens vainqueurs dans ses rangs -pour la première fois depuis le début des années 1990-, deux appartiennent à la formation kazakhe (Armstrong, Contador) et un autre n'affiche pas de prétentions au classement général (Pereiro). Reste le vainqueur sortant, l'Espagnol Carlos Sastre, prêt à surprendre une nouvelle fois. Les autres candidats déclarés ont aussi fait leurs preuves dans les grands tours, du Russe Denis Menchov, imbattable dans le dernier Giro, à l'Australien Cadel Evans, abonné à la deuxième place dans le Tour depuis deux ans. Le Luxembourgeois Andy Schleck, à la tête d'une puissante formation Saxo Bank, mène la jeune génération alors que son compatriote Kim Kirchen veut grimper toujours plus haut. Mais l'équipe Astana compte elle aussi deux autres atouts avec l'Américain Levi Leipheimer et l'Allemand Andreas Klöden, qui sont déjà montés sur le podium final.