L'Algérie vit depuis hier au rythme africain. 40 ans après (l'Algérie a accueilli en 1969 son premier festival du genre), le Panaf' s'invite une nouvelle fois à Alger. Cette manifestation, placée sous le signe « l'Afrique, renouveau et renaissance » se veut, selon ses organisateurs, une occasion qui permettra aux Algériens de redécouvrir leur africanité sous toutes ses formes. Elle permettra également à l'Algérie de réaffirmer son intérêt grandissant pour le développement culturel du continent. Après avoir joué depuis le début du siècle actuel un rôle capital dans le lancement du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (NEPAD), l'Algérie semble vouloir réorienter sa diplomatie vers le développement Sud-Sud. Il y a, en tout cas, une volonté de reconquérir les espaces perdus durant les années 1980 et 1990. La réussite qu'a connu ce grand chantier qu'est le NEPAD a conduit le pays à s'investir totalement dans la consolidation de la coopération interafricaine. Et ce, à travers le lancement des projets autoroutiers et gaziers qui permettront de renforcer les échanges entre pays africains et la relance économique du continent. En dépit des conflits politiques et militaires dans lesquels se débattent de nombreux pays du continent, les initiatives lancées par certains leaders africains ont contribué à atténuer, faiblement certes, la misère des peuples africains, en particulier les subsahariens. Mais beaucoup reste à faire dans ce domaine. Sur le plan culturel, les peuples d'Afrique ne se connaissent que très peu, sinon pas du tout. La mondialisation a fait le reste. Il était donc temps de se réveiller et de tenter de sauver une culture millénaire. Ainsi, en accueillant le Panaf' 2009, l'Algérie semble vouloir se placer à l'avant-garde du combat de l'Afrique. Cette occasion mérite de soulever un certain nombre de questions : le festival permettra-t-il enfin de concrétiser la célèbre déclaration du roi berbère Massinissa « l'Afrique aux Africains » ? Permettra-t-il de réaliser le renouveau et la renaissance comme le souhaite le ministère de la Culture ? Le Panaf' est-il à même de permettre aux Algériens de connaître réellement ce qui se fait en matière de culture dans d'autres pays du continent ou ce ne sera qu'une manifestation folklorique qui n'aura aucune conséquence sur l'avenir culturel de l'Afrique ? L'engouement des Algérois, à l'occasion de la parade populaire panafricaine qui s'est déroulée hier à Alger-Centre, confirme que les Algériens sont attachés à la culture africaine. Il appartient donc aux autorités de leur permettre de vivre leur africanité et de rester attachés à leur continent. Nous ne saurons que dans quelques années si les sommes importantes dépensées aujourd'hui pour organiser cette manifestation ont eu une conséquence positive sur le développement culturel national et africain.