Il s'agit d'un projet inscrit en septembre 2001, aussi long qu'un roman-fleuve, aussi ambitieux en théorie que mal géré dans la pratique, laisse-t-on entendre de sources bien au fait du dossier. Une école des beaux-arts pour toute la région Est, à l'initiative du ministère de la Culture, conduite par la wilaya de Constantine, c'est grandiose ! L'étude se fait donc à l'issue de laquelle les travaux sont évalués à 145 MDA (millions). Si on avait souscrit il y a huit ans à cette estimation initiale, on aurait aujourd'hui une école des beaux-arts digne de ce nom, fait-on remarquer avec amertume. La réalité est tout autre, puisque le projet sera crédité de 35 MDA du budget d'Etat, en plus d'une subvention de la wilaya, donnant un montant global de 55 MDA. Le choix du terrain d'assiette se porte donc sur Boussouf. Le sol en question, bien connu pour présenter de mauvaises caractéristiques (en termes techniques), n'interdit pas la construction, mais demande plus de moyens matériels, en l'occurrence la réalisation de semelles sur pieux, une méthode palliative au glissement de terrain, qui consiste à creuser profondément pour accéder à la terre ferme. La Dlep, maître de l'ouvrage, déléguée par le wali, confiera les travaux, après appel d'offres, à l'entreprise Eco/Est pour la réalisation du bloc pédagogique dans les parties 1, 3 et 4 aux coûts successifs de près de 26 MDA et d'environ 38 MDA. Pour le bloc « amphi », la réalisation en sera confiée à SOREST pour un peu plus de 13 MDA, et ce après d'autres réévaluations du projet, qui passera de 75 MDA en 2001, à 105 MDA en 2003 et à 119 MDA en 2004. Puis, plus rien. Arrêt net des travaux pendant deux ans ! La première entreprise en charge des travaux est déclarée défaillante. Nouvelle réévaluation en 2007 : 147 MDA et quelques poussières. Ce qui a été réalisé entre-temps, sera la proie de la dégradation aussi bien temporelle qu'humaine, puisqu'il sera constaté, de visu, des inscriptions et autres graffiti, en l'absence de gardiennage efficient. « Cette histoire de budget voté par la loi de finance relève de l'économie de bouts de chandelle, car le fait d'injecter des montants au compte-gouttes a fait du mal à ce projet d'envergure et l'a laissé pourrir par manque de discernement et d'esprit pragmatique, mais aussi par calculs politiciens », dit-on dans certains milieux concernés par le projet. Telle une peau de chagrin, ce dernier se verra rétrécir au fil des ans. Contacté, le chef du bureau de suivi, Saïd Athmani, expliquera que déjà en 2002, la wilaya avait décidé, via la DLEP et la direction de la culture, la DPAT et le BET, « de réduire le programme primitif afin de sauver le projet ». Selon lui, « plusieurs paramètres sont à l'origine du retard de ce projet, dont la gestion, car en 2001, il était possible de réaliser une école avec le montant initialement préconisé, mais plus en 2009 ». Celui-ci cycliquement réévalué, passera à 171 MDA, avec la suppression du maximum d'espaces « inutiles », au lieu des 10 822 m2 originels, 7 525 m2 seulement seront exploités. Plus de restaurant standing, pas d'hébergement, ni pour les étudiants, ni pour le personnel, les ateliers limités, etc., tout cela pour aboutir à un petit projet actuellement en voie d'achèvement, notamment au niveau du rejet d'assainissement, de la réparation des dégâts et du mur de clôture, auquel il reste 30 mètres. Il sera fonctionnel, annonce-t-on, à la rentrée prochaine, mais encore faut-il que les équipements, qui dépendent de la direction de la culture, soient installés.