Le président Barack Obama met sa crédibilité en jeu au plan international à l'occasion du sommet international sur la sécurité nucléaire qu'accueille aujourd'hui Washington DC, la capitale fédérale américaine. Bien que tout auréolé de son succès historique sur la réforme de la santé et de l'accord signé la semaine dernière avec Moscou portant sur la réduction du nombre de têtes nucléaires américaines et russes, le locataire de la Maison-Blanche devra certainement déployer des trésors de diplomatie pour faire partager aux représentants des 47 pays invités à ce rendez-vous l'analyse des centrales de renseignements américaines selon lesquelles le « terrorisme nucléaire » pourrait constituer le plus grand péril du XXIe siècle. Cela, tout comme il ne lui sera pas aisé de recueillir un large consensus sur de nouvelles sanctions visant le programme nucléaire iranien. La difficulté de la tâche du président américain peut s'avérer d'autant plus ardue dans la mesure où beaucoup de leaders de pays participants défendent des positions situées aux antipodes de celles soutenues actuellement par les Etats-Unis. A ce propos, le président brésilien, Lula da Silva, en a donné hier un aperçu en répétant notamment qu'il fallait « négocier » sur le dossier du nucléaire iranien et « parler » avec le président Mahmoud Ahmadinejad « jusqu'à la dernière minute ». « On ne peut pas partir du postulat qu'Ahmadinejad est un terroriste qu'il faut isoler. Nous devons négocier. Je veux parler avec lui de ces thèmes jusqu'à la dernière minute (…). Il est nécessaire que les Iraniens sachent qu'ils peuvent enrichir de l'uranium à des fins pacifiques et que nous autres ayons la tranquillité de savoir que c'est seulement pour ces usages pacifiques », a déclaré vendredi Lula au quotidien espagnol El Pais. Ne souffrant d'aucune ambiguïté, les déclarations du président Lula – dont le pays, qui occupe un siège non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, s'oppose de manière catégorique à des sanctions contre Téhéran – sont pour le moment partagées par la Chine, un pays sans lequel rien ne peut se décider au Conseil de sécurité de l'ONU. Barack Obama, qui ambitionne également, à travers ce sommet sur le nucléaire, de faire jouer aux Etats-Unis un rôle leader en matière de lutte contre le « terrorisme nucléaire » et provoquer un effet d'entraînement au niveau planétaire dans le domaine de la prévention, risque aussi fort bien de se heurter à la frilosité de la vieille Europe dont les experts considèrent, à l'inverse de leurs collègues américains, que la prolifération et le terrorisme nucléaires ne sont pas actuellement des périls croissants. « Dans les faits, c'est le contraire qui s'est passé. Les Américains se sont posé la même question dans les années 1960. Il y a plutôt eu « déprolifération ». 28 Etats ayant poursuivi des activités nucléaires militaires y ont renoncé. Quant au terrorisme nucléaire, si c'était si facile, on l'aurait déjà subi. Je ne dis pas bien sûr que cela ne peut pas se produire. Mais il n'y a pas d'indice que le risque a vraiment augmenté », a soutenu hier le colonel Jean-Luc Lefebvre de l'Institut de recherche stratégique de l'Ecole militaire (IRSEM) de Paris dans un entretien accordé à l'Agence France presse. Dans ce cadre précis, il serait intéressant de connaître dans le détail la nature des assurances que le président américain « arrachera » à ses alliés européens et aux autres puissances nucléaires en matière de lutte contre le vol, le commerce et la contrebande de matériaux nucléaires pouvant servir à fabriquer des bombes « sales ». Conçu avec l'idée qu'il marquera et qu'il aura de la substance, le sommet sur la sécurité nucléaire – qui, d'une pierre deux coups, servira à préparer la conférence de suivi du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) qui aura lieu au siège de l'ONU en mai prochain – peut s'avérer contre-productif au plan interne de Barack Obama s'il ne débouche pas sur des résultats concrets. Cela notamment lorsqu'on sait que lui et le Parti démocrate sont attendus au tournant par les conservateurs américains qui lui reprochent d'avoir affaibli les Etats-Unis en décidant de réduire son arsenal nucléaire. C'est sans doute la raison pour laquelle Obama et son Administration tiennent absolument à remporter une victoire sur l'Iran.