Un syndicalisme qui sacraliserait les principes de solidarité et d'entraide entre travailleurs et qui veillerait à la protection de leurs acquis est pratiquement absent à Souk Ahras, et pour cause. Une majorité des syndicats représentés, si elle ne fait pas dans la politique, se livre à d'éternelles chamailleries ou sombre dans une léthargie profonde. Le bradage des entreprises publiques et les compressions des effectifs aboutissent en conflits transférés, à l'instar du cas Papierosa (entreprise publique spécialisée dans la production du papier), devant la justice par des travailleurs se sentant lésés dans leurs droits relatifs au volet social. Une situation que ces derniers auraient pu surmonter grâce à l'arbitrage de leurs représentants syndicaux à l'échelle de la wilaya sans débourser de l'argent et se perdre, en fin de compte, dans les méandres des procédures judiciaires. Dans plusieurs secteurs de la fonction publique, des mutations, des avancements et des rétrogradations sont décidés au pif ou au gré de la secrétaire. D'autres droits élémentaires, tels que l'hygiène et la sécurité des travailleurs, notamment dans le secteur industriel et celui du bâtiment, la confirmation des vacataires, ayant excédé les délais des contrats dans leurs emplois, le versement régulier des primes et indemnités au profit des employés, sont bafoués par des employeurs, publics soient-ils ou privés, qui font montre d'une parfaite maîtrise des dérobades administratives, voire juridiques, par personnes ou institutions interposées. Ceci est en amont. En aval, les représentants légaux des travailleurs affiliés à des syndicats sont incapables de revendiquer ces mêmes droits parce que rongés par les luttes intestines ou bridés par les préalables. Les uns brillent par leur absence et les autres tergiversent. C'est le cas pour l'UGTA, traversée depuis 2005 par une crise sans épilogue, même après une série d'évictions au sein de l'union de wilaya. Le Snapap n'arrive toujours pas à panser les plaies d'une rivalité autour du leadership à l'échelle de son organe central, dont les conséquences sont encore visibles au niveau local. Le Cnapest, dont l'incontestable sympathie au milieu des PEST est encore perceptible, s'achemine insidieusement vers une situation de ni guerre ni paix pour préserver une force de mobilisation parmi ses troupes déjà exténuées par les grèves cycliques et légèrement affaiblies par les attaques frontales dirigées, il y a des années, contre la tutelle. Les trois syndicats, cités à titre illustratif, et bien d'autres sont en panne à Souk Ahras, et c'est l'ensemble des travailleurs qui en pâtit.