Ainsi des contre-manifestations se sont déroulées dans plusieurs villes du pays, hier, à l'appel des autorités. Pour galvaniser ses troupes, le président iranien, le conservateur Ahmadinejad, a déclaré à l'agence officielle, Irna, que ses opposants, «vont voir que le peuple iranien, en se mobilisant sur le terrain, va les déshonorer une nouvelle fois». Selon la télévision officielle, des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées mercredi dans tout l'Iran à l'appel des autorités pour affirmer leur soutien au régime et dénoncer les chefs de l'opposition. Les autorités n'ont pas fourni de chiffres, mais des dizaines de manifestations en province ont rassemblé des foules importantes dénonçant «les hypocrites séditieux» et réclamant parfois leur «pendaison», selon des images de la télévision iranienne. Dans la capitale, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées, hier, afin de dénoncer le «complot» visant à «renverser le régime islamique», selon les termes d'un communiqué du gouvernement. Ces rassemblements répondent aux manifestations de l'opposition dimanche dans le pays, les plus importantes depuis celles qui avaient suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad en juin.Pendant que les partisans du régime tentent de démontrer la popularité du pouvoir d'Ahmadinejad, les forces de police se sont lâchées contre des militants de l'opposition. Après les partisans de l'opposant Mir Moussavi, la vague d'arrestations n'a pas épargné la sœur du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi. Sept nouvelles arrestations de journalistes ont été opérées, dont deux dirigeants de l'Association des journalistes iraniens. La police a aussi arrêté une militante des droits des femmes, ainsi que le beau-frère de l'opposant Mir Hossein Moussavi, toujours selon le site de l'opposition. Lundi passé, les autorités avaient arrêté au moins une quinzaine de journalistes, défenseurs des droits de l'homme ou personnalités proches des dirigeants de l'opposition, a rapporté le site Rahesabz, principal forum de l'opposition réformatrice. Convaincu que les manifestations de l'opposition sont téléguidées à partir de capitales étrangères, l'Iran a accusé Londres d'ingérence dans les affaires intérieures iraniennes. Téhéran a convoqué l'ambassadeur britannique. Ce dernier a répondu que «le gouvernement iranien doit respecter les droits de l'homme de ses propres citoyens», a précisé le Foreign Office.Face à cette terrible répression, la communauté internationale est unanime à condamner le comportement du régime de Téhéran. Le haut-commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, Navi Pillay, s'est dite «choquée» par «les morts, les blessés et les arrestations» en Iran, appelant le gouvernement iranien à faire cesser «les violences excessives des forces de sécurité». «Ceux qui ont été arrêtés, quel qu'en soit le motif, doivent bénéficier d'un procès équitable, en conformité avec les normes du droit international en matière de droits de l'homme», a-t-elle déclaré hier. De son côté, le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a indiqué qu'il avait «demandé à toutes les capitales européennes de convoquer les ambassadeurs iraniens» pour protester contre la répression de ces derniers jours en Iran. Avant-hier, le président français, Nicolas Sarkozy, avait condamné «la répression sanglante des manifestations en Iran» et mis en garde, au nom de la France, «contre des arrestations supplémentaires, qui aggraveraient encore la situation». Outre-Atlantique et selon le quotidien américain Washington Post, les Etats-Unis prépareraient «des sanctions contre certains éléments du gouvernement iranien dont ceux impliqués dans la répression des manifestations».